dimanche 8 février 2009

YOGA DES YEUX ET YOGA DE L'OEIL.

Les expériences suivantes doivent être vraiment expérimentées pour être jugées sur pièce. Car il s'agir de percevoir au-delà de simplement concevoir.

Commençons par le commencement avec l'exercice de Douglas Harding de l'oeil unique.

Formons avec nos deux mains une paire de lunettes comme le montre cette photo (empruntée au site visionsanstête.com) :


Il s'agit d'approcher doucement cette paire de lunettes qui comporte deux oculaires qui se mettront pense-t-on usuellement sur nos deux yeux.
Effectivement si je vois quelqu'un faire cet exercice, je vois bien la paire de lunettes se poser sur deux yeux. Mais si moi je fais cet exercice, combien de lunettes au final verrai-je ? Si elles sont collées sur mon nez, la barre séparant les deux lunettes ne disparaît-elle pas ? Cela ne nous conduit-il pas à affirmer que de mon point de vue, en première personne, nous n'avons qu'un seul oeil ? Bien sûr, nous avons deux yeux pour un observateur extérieur mais n'avons nous pas qu'un seul espace de vision du point de vue en première personne ? De ce point de vue intérieur, n'y a-t-il pas des sensations de yeux de chair qui s'inscrivent dans un seul champ de conscience ?

Allongé sur la plage, je jouis du champ de vision et plus largement du champ de conscience formé par toutes les perceptions, je suis l'oeil unique où se perçoivent ce que j'appelle mon corps et le monde environnant :


Une objection me vient à cette histoire d'oeil unique : j'ai bien le pouvoir de fermer un oeil de chair et pas l'autre. Le champ de vision n'est-il pas composé des deux champs de visions propres à chacun de mes deux yeux ?

Fermons un oeil.

Combien y a -t-il de champ de vision ? N'y a-t-il pas en fait toujours qu'un seul champ de conscience ?
Mon objection n'a t-elle pas confondu trop vite le regard que je dirige en dirigeant mes globes de chair et le champ de vision en amont ?
Si je ferme l'autre oeil et ouvre celui qui était fermé n'est-ce pas comme si en arrière plan le champ de vision prenait un autre conduit, comme si il s'angouffrait dans un autre regard ?

Et si je fais loucher mes yeux en les faisant converger vers mon nez :

Du point de vue d'un observateur extérieur, il devrait logiquement être possible de ressentir deux champs de visions séparés par le nez. Mais moi si j'opère de mon point de vue intérieur en première personne, la convergence de mes deux regards ne laisse-t-elle pas un seul de champ de vision malgré l'apparition visuelle d'un nez fantomatique ?


Nous allons procéder maintenant à cet exercice qu'on appelle le yoga des yeux et essayer de voir ce qu'il révèle du champ de conscience en faisant attention surtout au champ visuel.

Mettons nous en posture méditative, le dos droit, la nuque posée sur les épaules, le menton légérement en arrière pour ne pas le porter en avant, la respiration descend dans tout le diaphragmme :


Le champ visuel se présente ainsi en quelque sorte :


Cela forme comme une coupe dans laquelle se dépose la respiration qui se répand de là dans tout le corps.
Maintenant nous allons promener les yeux sans bouger.
Baissons les yeux :

Ce regard vers le bas met en valeur le corps par lequel ce champ de conscience s'ouvre sur un corps sans tête. Le regard vers le bas insiste sur ce par quoi ce champ de conscience s'individualise.


Dirigeons maintenant notre regard vers le haut du champ de vision :


Dès lors le corps qui nous individualise semble se perdre de vue :

Si on vraiment on pointe son regard vers le champ de vision, il se découvre de plus en plus impersonnel :
Quel indice reste-t-il alors de ce qui m'individualise ? Il y a bien sûr la mémoire mais ce qui l'exprime dans le champ de conscience n'apparaît-il pas en dessous ? Ne pointe-on pas dans le champ de conscience quelque chose qui s'ouvre au-delà de notre personnalité ?

Revenons à quelque chose qui étire moins les yeux, faisons le tour de notre champ de vision avec notre regard :

En faisant tourner les yeux en suivant le contour du champ de vision les deux yeux ouverts, ne prenons pas conscience d'un contour du champ de vision dans lequel le champ de conscience entier semble s'inscrire :


N'est-ce pas la voie rapide pour distinguer le monde des phénomènes perceptibles d'une dimension de conscience sans phénomène au sein de laquelle les phénomènes apparaissent et disparaissent ? Un rien de conscience atemporelle, aspatiale et surtout non mentale, non vitale et immatérielle ne devient-il pas de plus en plus comme une évidence insaisissable ?

Conscient du contour du champ de vision, regardons un panorama :

Bougeons notre tête sur la droite :

Bougeons encore notre tête sur la droite :

Bougeons notre cou non par rapport à nos épaules, mais par rapport à l'immobilité de notre champ de vision. Cela déraidit la nuque de l'envisager sans la planter sur les épaules et bougeant à partir d'elles :

Continuons à bouger vers la droite :

Pour regarder ce panorama, nous avons bougé notre corps mais la source du champ de vision a-t-elle bougé ? Le monde phénoménal n'offre pas le même point de vue. Si on place un repère sur le contour du champ de vision en première personne, peut-on dire qu'il a pas ? En amont du contour de ce champ de vision, n'y a-t-il pas immobilité ?

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