Voici une proposition d'exercice spirituel par Stephen Jourdain :
"UN SOI-DISANT GRANIT
Je, personne intérieure, cesserai d'être dans la conscience de moi-même à l'instant précis où je commencerai à ne plus me reconnaître dans ce qui émane de moi et dont je suis l'unique substance, à considérer, à vivre ces productions comme existant par elles-mêmes, indépendamment et extérieurement à moi, comme une réalité étrangère.
Inversement, je recouvrerai la conscience de moi-même à l'instant où mon propre fait s'affirmera dans la texture de ces soi-disant réalités.
Ceci est une loi, absolue.
— Mais, me direz-vous, dans l'état normal de conscience, je me reconnais parfaitement dans l'émanation de mon esprit : je fais la part entre l'imaginaire et le réel, je sais fort bien que l'objet que j'imagine n'est pas un objet vrai, qu'en dernière analyse, il est « moi ».
Oui. — Mais la personne que vous venez de quitter ?
Mais la réalité : Stephen Jourdain, là-bas, chez lui, rue Vavin, en train de boire son café, ou devant sa machine à écrire ?
Mais ce granit : « un jour, je mourrai » ?
Mais le Fait ? L’immense cohorte des Faits ?
Mais ce fait : moi, la personne intérieure..............(1), en train de lire la présente phrase, et nourrissant cette pensée que je nourris, dans ce contexte mental-ci ?
Il faudrait absolument parvenir à percevoir tout cela comme n'ayant aucune consistance propre, comme étant dénué de réalité.
Manifestement, c'est se jeter la tête la première dans la folie. Peut-être, mais c'est, ou bien passer par ici et atteindre « l'éveil », et prendre position dans le « vrai », ou continuer de délirer, au sens clinique de ce verbe.
Également, on peut craindre que l'univers se dissolve. En effet, il y a bien quelque chose d'immense comme l'univers qui va se dissoudre, mais c'est juste cela qui nous prive de l'univers — et de nous-même.
Voici ce qu'à la personne intérieure ................. je suggère de faire :
Commander à l'autre de fermer les yeux, et, dans ce noir, s'intéresser à cela qui présentement lui semble exister à l'extérieur de son terrain propre, hors des limites de cette intériorité. Considérer chacune de ces choses (2) qui lui semblent extérieures et douées d'existence indépendante, en se demandant : y a-t-il réellement là quelque chose qui existe par soi ? ne s'agit-il pas en vérité d'une image que je forme et qui ainsi est « moi », seulement « moi », et que je revêts du caractère objectif ? Puis-je discerner dans cette chose qui se présente comme étrangère à mon impulsion et à ma vie, un seul grain d'un constituant autre que moi-même ?
— « Exact », répondra la personne intérieure................. après un instant, « c'est une image. — Mais il n'empêche que le Chef de l'Etat existe ».
Soyez assez fin pour voir qu'il se déplace (au moment où vous obtiendriez cette vision» la partie serait virtuellement gagnée), et arrachez-lui son masque une deuxième fois. Il va reculer encore sous l'impulsion d'autres « oui» mais... », continuez de le démasquer, en cherchant à le discerner de plus en plus vite, dans cet instant même où il se reforme plus loin.
A un moment, si Dieu est avec vous, l'évidence totale va jaillir qu'il n'y a jamais eu ici trace d'une chose autre que la solitude de l'esprit de.................., ici ni ailleurs, l'illusion, d'un seul coup, va se révéler et se dissoudre, et l'esprit de..............., selon la loi dont je parlais, s'éveiller à lui-même.
(1) Votre prénom et votre nom.
(2) Le Chef de l'Etat, demain, mon passé, le jour de ma naissance, ce pays pour lequel je pars, l'Atome, etc."
Après avoir cité ce texte de Stephen Jourdain, José Le Roy en précise l'objectif et le questionne :
Ce que cherche Jourdain avec cet exercice, c'est à nous faire réaliser que tout surgit de la conscience. Rien n'est objectif, indépendant de nous, tout est moi; rien n'est étranger.
Cela est peut-être plus facile à vérifier en effet les yeux fermés, car alors il n'y a que la conscience et des pensées, des sons, des sensations qui apparaissent en moi, surgissent de moi et retournent en moi. Rien n'est extérieur, tout surgit à zéro centimètre de moi-même, en plein cœur de mon être.
Là où cependant je me distinguerai de Jourdain, c'est au sujet de ce qu'il appelle ici la personne intérieure. Dans mon expérience, au centre de moi-même, je ne trouve pas d'individu. La personne avec son nom et son prénom apparaissent aussi dans la conscience sous forme de mémoire, de pensées, de désirs. Au centre, il n'y a ni nom, ni prénom mais une conscience au-delà de toutes caractéristiques individuelles. Mais sans doute n'est-ce là qu'une différence d'accent. Chapeau l'artiste!
Quant à moi, quand je suis l'exercice de Stephen Jourdain, le chef de l’État est une fiction, ma retraite est une fiction, ma femme et mes fils partis en ville sont une fiction... Bien entendu moi-même Serge je suis une fiction, un nuage de fiction au milieu de l'océan de la conscience, L'ESPRIT. Mais c'est moi en tant que fiction à qui il est donné de s'écarter pour se laisser voir L'ESPRIT. Ainsi je suis moi Serge quelque part en mon essence individuel l'unique Fils de L'ESPRIT. L'éveil m'éveille et me permet de reconnaître L'ESPRIT le seul et unique de Serge et de nul autre. Tout se joue sur ce "de" qui lie l'ESPRIT (ou la source ou l'océan de conscience ou la vacuité ou...) et Serge, cette autofiction qui dans l'unique ESPRIT reste au premier plan même si elle n'est pas au centre. Cette autofiction dans son essence individuelle surgit "de" l'ESPRIT à 0 cm de l'ESPRIT et en son point de surgissement essentiel, il y a un parfum de personne qui imprègne tout. C'est ce parfum discret de personne, ce "JE SUIS" dont moi individu, je surgis. Entre ce JE SUIS (mon essence et en même temps celle de (du) tout autre) et moi Serge, y a-t-il une place pour TU ? Lorsque je frappe à cette porte du mystère et que surgit la question "qui est là ?", que dois-je répondre ? MOI PERSONNE (dans la polysémie de ces mots) ou seulement TOI ?
Voilà pour moi, ce qui vient en ce qui concerne cette nuance entre toi, José et Stephen Jourdain...
OBJECTION :
Serge
que reste-t-il de Serge dans le sommeil profond?
Rien.
Ce qui ne dure pas n'est pas réel.
Ce qui ne dure pas n'est pas réel.
jlr
Réponse 1 :
IL Y A UN PRESQUE RIEN QUI EST TOUT.
Dans le sommeil profond, il y a un germe de Serge en Cela qui le déploie au réveil. Mon réveil individuel ne serait-il pas une réminiscence de Cela ? Lorsque le sentiment individuel de Serge retrouve au réveil sa consistance, il retrouve aussi le monde toujours déjà là. Il y a le constat d'une réminiscence de l'Esprit Monde avant que Serge ne soit en germination. Des pulsions organiques, des sensations, des sentiments et même des idées paraissent avant même que quelque chose ne se déploie pleinement comme sentiment de moi-même. Il y a en Cela la réminiscence de cet Esprit-Monde avant même que se déploie une mémoire personnelle de Serge qui souvent occulte cette réminiscence. Cette réminiscence de l'Esprit-Monde a lieu en Cela et elle est la matrice de la réminiscence qui me ressuscite au réveil...
Ma réminiscence est comme la mémoire de mes rêves qui souvent m'échappent. Ce n'est pas parce que je me réveille sans souvenir qu'il n'y a pas eu de rêve. Ma réminiscence échappe à ma mémoire car elle a lieu maintenant et que sourdissant d'elle je suis toujours en aval dans les flots de la personnalité. Le germe parfum de la personne au sein du sommeil profond est peut-être une expérience qui s'efface comme certains rêves qu'on sait avoir eu mais dont le contenu nous échappe définitivement. Dans le contraste entre Cela du sommeil profond et moi avec toutes mes préoccupations, mes histoires, mon évolution en cours, etc. en et par Cela, le sens de la réminiscence s'efface. Serge ne dure pas mais ce qui en Cela individualise Serge est éternel... Il y a donc surement un parfum personnel autant qu'impersonnel en Cela.
Qui sait si un autre individu dans le futur n'aura pas une mémoire directe de traits personnels de Serge comme s'il avait été Serge alors qu'il sait bien ne pas être Serge... Ne serait-ce pas alors un effet de cette réminiscence d'un Esprit-Monde où Cela s'individualise qui se joue au réveil voire à chaque instant ? Le fait que Serge ne dure pas, que son individualisation soit intermittente n'empêche pas le mystère éternel de la réminiscence d'une individualisation en Cela, par Cela et voire avec Cela en tout point de l'univers...
Ma réminiscence est comme la mémoire de mes rêves qui souvent m'échappent. Ce n'est pas parce que je me réveille sans souvenir qu'il n'y a pas eu de rêve. Ma réminiscence échappe à ma mémoire car elle a lieu maintenant et que sourdissant d'elle je suis toujours en aval dans les flots de la personnalité. Le germe parfum de la personne au sein du sommeil profond est peut-être une expérience qui s'efface comme certains rêves qu'on sait avoir eu mais dont le contenu nous échappe définitivement. Dans le contraste entre Cela du sommeil profond et moi avec toutes mes préoccupations, mes histoires, mon évolution en cours, etc. en et par Cela, le sens de la réminiscence s'efface. Serge ne dure pas mais ce qui en Cela individualise Serge est éternel... Il y a donc surement un parfum personnel autant qu'impersonnel en Cela.
Qui sait si un autre individu dans le futur n'aura pas une mémoire directe de traits personnels de Serge comme s'il avait été Serge alors qu'il sait bien ne pas être Serge... Ne serait-ce pas alors un effet de cette réminiscence d'un Esprit-Monde où Cela s'individualise qui se joue au réveil voire à chaque instant ? Le fait que Serge ne dure pas, que son individualisation soit intermittente n'empêche pas le mystère éternel de la réminiscence d'une individualisation en Cela, par Cela et voire avec Cela en tout point de l'univers...
Cordialement,
Serge.
Serge.
Réponse 2 :
Il ne reste rien au réveil mais il y a des matins où nous savons que nous avons rêvé sans pouvoir nous souvenir de nos rêves. Un voile d'oubli peut donc se poser sur notre expérience dans le sommeil. Qui sait ce qui dure ou ne dure pas ? Percevoir l'unique vacuité de CELA n'est pas encore être clairement conscient de CELA.
Premièrement, lorsque la carte pointe un "je suis tout", je ne suis pas tout consciemment. Si peut-être je suis une partie-tout, une monade, je n'en perçois pas la complexité et le détail. Donc sur la carte nous ne devrions pas exactement écrire JE SUIS TOUT. Dans cette conscience élargie qu'est l'ESPRIT nous sommes en lien avec un DEVENIR même si ses forces nous échappent.
Deuxièmement le JE suis rien qui seul durerait me paraît davantage une présence ultime voilée, une ténèbre lumineuse où se déploie l'ultime réalité. Autrement dit la vacuité n'est pas forcément la seule dimension de l'ultime réalité même si elle est la plus facilement réalisable. Si on la confond avec l'enténèbrement, qui s'y inscrit touchant aux limites de notre conscience mentale et les débordant, on pense qu'elle forme elle-seule l'ultime réalité et on relativise par exemple les dimensions de l'individualisation et de la manifestation cosmique d'un Esprit-monde. On estime que ces dimensions sont juste phénoménales : elles ne durent pas et si elles durent, c'est sans éternité...
Parfois quelque chose se manifeste à travers cette présence voilée qui recouvre tout, puis de nouveau, elle se recouvre. S'agit-il d'un phénomène illusoire, d'une expérience de pic qui n'a pas d'autre réalité que celle d'un phénomène ou d'un dévoilement momentané de CELA qui de nouveau se trouve recouvert ?
Il y aurait une prétention à fermer la porte à tout mystère du rapport entre l'Être et le Devenir. La question est de savoir où s'arrête et commence l'aventure spirituelle ? la réalisation de la vacuité est-elle suffisante pour mener cette aventure dans toute sa profondeur ?
La Vision Sans Tête est pour moi un moyen de contourner l'ego pour découvrir l'ESPRIT qui nous relie au jeu de l'ÊTRE et du DEVENIR.
Pratiquer la Vision Sans Tête amène au fil de la pratique comme de plus en plus couramment à une descente dans le cœur.
Le cœur se dévoile un jour au cours de la pratique. Puis un voile tombe de nouveau sur lui. Parfois quand il se recouvre, il n'y a pas de tête, il y a un sens de l'ESPRIT mais il est vide d'amour. Faut-il affirmer que le cœur et l'amour sont phénoménaux tandis que seul l'ESPRIT est ou bien faut-il admettre que ce sont des réalités toujours là mais que seule une transformation dans la lumière de l'ESPRIT permet de laisser se dévoiler ? La clé de la manifestation est-elle ou non Ananda dimension ultime de l'absolu Sat-Chit-Ananda comme l'affirme Ma Ananda Mayi ou est-ce encore l'ultime couche qu'il faut dépasser comme Prajananpad et d'autres advaïta védantistes l'affirment ? Il y a certainement une joie d'un reflet de la lumière de l'esprit sur la lunule de l'ego qui reste une jouissance égocentrique à dépasser mais au-delà n'y aurait-il pas une extase paisible inhérente à la lumière de l'esprit ?
Pour moi, au plus profond de la grotte du cœur s'est entrevu mon vrai moi, mon vrai principe d'individualisation, mais de même il s'enfouit à nouveau, un voile le recouvre. Est-ce une réalisation spirituelle imparfaite ou bien est-ce encore un fait phénoménal ?
La Vision Sans Tête révèle une dimension de la chose en soi l'ESPRIT. Mais l'ESPRIT lorsqu'il se saisit par le constat de l'absence de visage, de réalité égocentrique se saisit-il intégralement ou non ? Dans le sommeil profond l'ESPRIT s'est-il défait des phénomènes ou bien s'est-il voilé davantage ?
La Vision Sans Tête est pour moi un moyen de contourner l'ego pour découvrir l'ESPRIT qui nous relie au jeu de l'ÊTRE et du DEVENIR.
Pratiquer la Vision Sans Tête amène au fil de la pratique comme de plus en plus couramment à une descente dans le cœur.
Le cœur se dévoile un jour au cours de la pratique. Puis un voile tombe de nouveau sur lui. Parfois quand il se recouvre, il n'y a pas de tête, il y a un sens de l'ESPRIT mais il est vide d'amour. Faut-il affirmer que le cœur et l'amour sont phénoménaux tandis que seul l'ESPRIT est ou bien faut-il admettre que ce sont des réalités toujours là mais que seule une transformation dans la lumière de l'ESPRIT permet de laisser se dévoiler ? La clé de la manifestation est-elle ou non Ananda dimension ultime de l'absolu Sat-Chit-Ananda comme l'affirme Ma Ananda Mayi ou est-ce encore l'ultime couche qu'il faut dépasser comme Prajananpad et d'autres advaïta védantistes l'affirment ? Il y a certainement une joie d'un reflet de la lumière de l'esprit sur la lunule de l'ego qui reste une jouissance égocentrique à dépasser mais au-delà n'y aurait-il pas une extase paisible inhérente à la lumière de l'esprit ?
Pour moi, au plus profond de la grotte du cœur s'est entrevu mon vrai moi, mon vrai principe d'individualisation, mais de même il s'enfouit à nouveau, un voile le recouvre. Est-ce une réalisation spirituelle imparfaite ou bien est-ce encore un fait phénoménal ?
La Vision Sans Tête révèle une dimension de la chose en soi l'ESPRIT. Mais l'ESPRIT lorsqu'il se saisit par le constat de l'absence de visage, de réalité égocentrique se saisit-il intégralement ou non ? Dans le sommeil profond l'ESPRIT s'est-il défait des phénomènes ou bien s'est-il voilé davantage ?
Je n'ai pas de réponse catégorique à ces questions. Mais je trouverai dommage qu'on écarte l'hypothèse de dimensions cachées de la réalité ultime hormis celle de la pure vacuité...
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