mardi 27 novembre 2007

HIERARCHIE ET HOLARCHIE.

Voici une représentation d'une hiérarchie et d'une holarchie telle qu'on la trouve en cherchant des images sur internet :

Le texte suivant est à quelques aménagement près la présentation qu'en fait le site Integral world animé par Frank Visser dans sa section française traduite par Eric de Rochefort :

Le concept d'holarchie a été formulé par Arthur Koestler qui l'a exposé notamment dans son ouvrage Le cheval dans la locomotive. Plus récemment, il a été précisé par le philosophe américain Ken Wilber, notamment dans Sex, Ecology, Spirituality : The Spirit of Evolution.

Le mot a été créé par opposition au mot hiérarchie.

Une hiérarchie est composée de niveaux. Les éléments d'un niveau ont une valeur supérieure à ceux des niveaux situés en-dessous et un rôle dominant par rapport à eux.


Une holarchie est composée de holons organisés en niveaux. Un holon est quelque chose qui est un tout à un certain niveau et une partie au niveau situé au-dessus.

Chaque niveau d'une holarchie transcende et inclut le(s) niveau(x) précédent(s), c'est-à-dire qu'un holon situé à un niveau préserve les holons des niveaux inférieurs et leur fonction, mais nie le fait qu'ils soient séparés ou isolés.

En fait, la réalité serait composée d'holarchies et le concept de hiérarchie est une création artificielle de l'esprit humain.

Ken Wilber a défini vingt principes régissant le fonctionnement des holons, les deux paragraphes ci-dessus ne décrivant que deux d'entre eux.

  • (1) La Réalité en tant que tout n'est pas composée de choses, ou de processus, mais de holons.
  • Les Holons font preuve de quatre capacités fondamentales:
    • (2a) auto-préservation,
    • (2b) auto-adaptation,
    • (2c) auto-transcendance.
    • (2d) auto-dissolution.
  • (3) Les holons émergent.
  • (4) Les holons émergent de manière holarchique.
  • (5) Chaque holon émergent transcende mais inclut son prédécesseur.
  • (6) Le moins élevé détermine les possibilités du plus élevé; le plus élevé détermine les possibilités du moins élevé.
  • (7) "Le nombre de niveaux que comprend une hiérarchie détermine si elle est 'superficielle' ou 'profonde'; et nous appellerons "envergure" le nombre de holons à un niveau quelconque" (A. Koestler).
  • (8) Chaque niveau d'évolution successif produit plus de profondeur et moins d'envergure.
  • (9) Détruisez un type quelconque de holon, et vous détruirez tous les holons au-dessus de lui et aucun des holons au-dessous de lui.
  • (10) Les holarchies co-évoluent.
  • (11) Le micro est en échange relationnel avec le macro à tous les niveaux de profondeur.
  • L'évolution a de la directionnalité:
    • (12a) complexité croissante.
    • (12b) différentiation/intégration croissantes.
    • (12c) organisation/structuration croissantes.
    • (12d) autonomie relative croissante.
    • (12e) telos croissant.
Note:

"Le Chapitre 2 [de Sex, Ecology, Spirituality : The Spirit of Evolution]
décrit "vingt principes" qui sont communs aux systèmes en évolution ou croissants où que nous les trouvions. Bien des gens les ont comptés et n'arrivaient pas à vingt, et ils voulaient savoir s'ils avaient manqué quelque chose. Ceci dépend simplement de ce que vous considérez comme principe. Je donne douze principes numérotés. Le numéro 2 contient quatre principes, et le numéro 12 en contient cinq. Cela fait bien dix-neuf en tout. Dans le livre, j'en donne trois supplémentaires. Cela fait vingt-deux. Mais un ou deux des principes ne sont pas vraiment des caractéristiques, simplement des définitions de mots (par exemple, le principe 7 et probablement 9). Cela laisse ainsi environ vingt principes réels, ou caractéristiques réelles de l'évolution. Mais il n'y a rien de sacré en ce qui concerne le chiffre vingt; ce sont justes certains des tendances les plus notables, des tropismes, ou des tendances de l'évolution." (extrait de la préface à la deuxième édition de Ken Wilber, Sex, Ecology, Spirituality, 1995, p. 35-78.)


Cependant si cette différence entre holarchie et hiérarchie semble donner l'avantage à l'holarchie, ce dernier concept est-il si défendable que cela dans le cadre humain ?

Notre thèse à l'encontre de Ken Wilber est que ce sont des systèmes d'organisation holarchique qui ont prévalu à l'aube de l'Etat. Selon nous la hiérarchie est précisément une dégénérescence de l'organisation holarchique. A partir de là l'holarchie ou l'holacratie ont-elles un avenir dans une évolution vers une mentalité postintégrale ? Ne serait-ce pas une forme de nostalgie de l'apogée de la conscience mentale qui s'ignore ?

Le travail de sri Aurobindo et de ses disciples comme Kireet Joshi sur l'interprétation des Védas montre clairement qu'une conception holarchique animait le système des castes naissants. 
Les Egyptologues pour leur part nous donnent aussi à penser la même chose de l'Egypte ancienne. D'ailleurs en Egypte les querelles théologiques ont eu selon nous pour enjeu une dégénérescence de l'organisation holarchique en organisation hiérarchique. Sur ce point on consultera sur ce même blog notre article sur les religions et plus particulièrement le passage sur Akhenaton.


Resterait alors à déterminer vers quoi nos organisations humaines pourraient évoluer pour commencer à traduire une conscience véritablement au-delà de la conscience mentale ?

Selon nous il faut prendre au sérieux la découverte spirituelle d'un principe d'individualisation au cœur de chaque être humain qui serait en même temps une conscience de l'unité des personnes en même temps que la source de l'unicité de chacune. C'est ce que nous esquissons ici sur notre blog Foudre très clairement dans le style d'un satprem.


Vivre dans une Conscience du Un et du Multiple au niveau de la dimension individuelle rendrait caduque l'idée même d'institution qui reste figée dans des représentations mentales. Cela paraît très utopique et hors de portée de notre conscience actuelle. Seulement on peut penser qu'une souplesse organisationnelle pourrait en quelque sorte être les prémisses d'une telle utopie. Il faudrait par exemple remettre régulièrement nos organisations entre les mains d'une rencontre des personnes qui les composent ou les fréquentent pour les réformer, les dissoudre, les réorganiser, etc. La rencontre et le dialogue nous semblent donc devoir devenir le premier fondement de nos organisations ce qui n'est pas le cas aujourd'hui puisque même nos organisations les plus démocratiques ne sont réformables que par l'intermédiaire de représentant élus qui n'ont que des relations rhétoriques avec leurs électeurs. Bien entendu cela suppose une certaine évolution de la conscience mentale pour dépasser tout cadre idéologique et vraiment adhérer à une évolution consciente de la conscience. Notre conception politique repose donc sur une conception intégraliste de la vérité et de la liberté.

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