lundi 17 décembre 2007

EVOLUTION DES MENTALITES ET DIALOGUE INTERRELIGIEUX. Evolution des mentalités 3.

Nous voulons ici prolonger notre réflexion sur Religions, athéismes et dialogue sur le blog Eléments de philosophie.

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L'IMAGE DE LA MONTAGNE ET LE DIALOGUE INTER-RELIGIEUX.


Ramakrishna et Vivekananda sont deux sages indiens du XIXe siècle qui ont contribué à pratiquer le dialogue inter-religieux du point de vue spirituel lui-même. Il ne s'agit pas seulement pour eux d'être tolérant vis-à-vis des autres religions en considérant que celui qui n'est pas de notre religion est un homme digne de respect même s'il se trompe.

Considérons une montagne et considérons les divers accès à son sommet.

Du point de vue de tel chemin, il y aura des exigences propres, des techniques d'escalades qu'il faudra développer davantage par rapport à un autre chemin. Il serait inapproprié de dire que des techniques approprié à une voix pour atteindre le sommet sont nulles et non avenues : elles sont nécessaires à un autre chemin. Une autre erreur consisterait à juger la nature du sommet d'après la perspective que notre voie d'ascension nous offre vers ce sommet. En haut de la montagne tous les chemins d'accès sont valables, ils révèlent chacun leur valeur et leur vérité singulière mais toujours relative par rapport à la perspective unique du sommet qui englobent toutes les perspectives de chaque chemin sur le sommet.

Cette image de la montagne et des divers chemins pour atteindre le sommet semble être fructueuse pour considérer les diverses démarches spirituelles inhérentes aux diverses religions de l'humanité.

Cette image permet même de comprendre comment des chemins se sont séparés au fil du temps. Le chemin hindouiste a généré par exemple les divers chemins bouddhistes et jaïnistes. Pour certains hindouistes ces chemins sont des hérésies mais d'un autre point de vue ce sont des accès différents qui ont été ainsi générés jusqu'au sommet. Ils ont permis de mieux apercevoir des obstacles inhérents au chemin strictement hindouiste. Ces nouveaux chemins ont cependant généré leurs difficultés propres mais ils donnent à l'hindouiste ouvert au dialogue la possibilité de mieux repérer les obstacles de son chemin.

Le même raisonnement pourrait être repris en ce qui concerne les trois grands monothéismes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Dans Nathan Le sage la pièce de Lessing, il est question de trois anneaux inséparables.

Extrait de Nathan le Sage, La parabole des trois anneaux: 

 

NATHAN : Il y a des siècles de cela, en Orient, vivait un homme qui possédait un anneau d'une valeur inestimable, don d'une main chère. La pierre était une opale, où se jouaient mille belles couleurs, et elle avait la vertu secrète de rendre agréable à Dieu et aux hommes quiconque la portait animé de cette conviction. Quoi d'étonnant si l'Oriental la gardait constamment au doigt, et prit la décision de la conserver éternellement à sa famille? Voici ce qu'il fit: il légua l'anneau au plus aimé de ses fils, et il statua que celui-ci, à son tour, léguerait l'anneau à celui de ses fils qui lui serait le plus cher, et que perpétuellement le plus cher, sans considération de naissance, par la seule vertu de l'anneau, deviendrait le chef, le premier de sa maison. - Entends-moi, Sultan.

 

SALADIN Je t'entends. Poursuis!

 

NATHAN Ainsi donc, de père en fils, cet anneau vint finalement aux mains d'un père de trois fils qui tous trois lui obéissaient également, qu'il ne pouvait par conséquent s'empêcher d'aimer tous trois d'un même amour. À certains moments seulement, tantôt celui-ci, tantôt celui-là, tantôt le troisième - lorsque chacun se trouvait seul avec lui et que les deux autres ne partageaient pas les épanchements de son cœur - lui semblait plus digne de l'anneau, qu'il eut alors la pieuse faiblesse de promettre à chacun d'eux. Les choses allèrent ainsi, tant qu'elles allèrent. Mais la mort était proche, et le bon père tombe dans l'embarras. Il a peine à contrister ainsi deux de ses fils, qui se fient à sa parole. Que faire? Il envoie secrètement chez un artisan, auquel il commande deux autres anneaux sur le modèle du sien, avec l'ordre de ne ménager ni peine ni argent pour les faire de tous points semblables à celui-ci. L'artiste y réussit. Lorsqu'il apporte les anneaux au père, ce dernier est incapable de distinguer son anneau qui a servi de modèle. Joyeux et allègre, il convoque ses fils, chacun à part, donne à chacun sa bénédiction, et son anneau, et meurt. - Tu m'écoutes, n'est-ce pas, Sultan?

 

SALADIN (qui, ému, s'est détourné de lui) J'écoute, j'écoute! Viens-en bientôt à la fin de ton histoire. Est-elle proche? NATHAN J'ai fini. Car la suite, désormais, se conçoit d'elle-même. À peine le père mort, chacun arrive avec son anneau, et chacun veut être le chef de la maison. On enquête, on se querelle, on s'accuse. Peine perdue: impossible de prouver quel anneau était le vrai. (Après une pause, pendant laquelle il attend la réponse du Sultan). Presque aussi impossible à prouver qu'aujourd'hui pour nous - la vraie croyance.

 

SALADIN Comment? c'est là toute la réponse à ma question?..

 

NATHAN Mon excuse simplement si je ne me risque pas à distinguer les trois anneaux, que le père a fait faire dans l'intention qu'on ne puisse pas les distinguer.

 

SALADIN Les anneaux! Ne te joue pas de moi! Je croirais, moi, qu'on pourrait malgré tout distinguer les religions que je t'ai nommées, jusque dans le vêtement, jusque dans les mets et les boissons!

 

NATHAN D'accord, sauf en ce qui regarde leurs raisons. Toutes en effet ne sont-elles pas fondées sur l'histoire? Écrite ou transmise? Et l'histoire ne doit-elle pas être crue uniquement sur parole, par la foi? N'est-ce pas? Or, de qui met-on le moins en doute la parole et la foi? Des siens, n'est-il pas vrai? De ceux de notre sang, n'est-il pas vrai? De ceux qui nous ont depuis l'enfance donné des preuves de leur amour, n'est-il pas vrai? Qui ne nous ont jamais trompés que là où il était meilleur pour nous d'être trompés? Comment croirais-je moins mes pères que toi les tiens? Ou inversement! Puis-je te demander d'accuser tes ancêtres de mensonge pour ne pas contredire les miens? Ou l'inverse? C'est également vrai pour les chrétiens. Ne trouves-tu pas?

 

SALADIN (à part) Par le Dieu vivant! cet homme a raison. Je ne puis que me taire.

 

NATHAN Mais revenons à nos anneaux. Comme je l'ai dit, les fils se citèrent en justice et chacun jura au juge qu'il tenait directement l'anneau de la main du père - ce qui était vrai - après avoir obtenu de lui, depuis longtemps déjà, la promesse de jouir un jour du privilège de l'anneau - ce qui était non moins vrai! Le père, affirmait chacun, ne pouvait pas lui avoir menti; et, avant de laisser planer ce soupçon sur lui, ce père si bon, il préférerait nécessairement accuser de vol ses frères, si enclin fût-il par ailleurs à ne leur prêter que les meilleures intentions. Il saurait bien, ajoutait-il, découvrir les traîtres, et se venger.

 

SALADIN Et alors, le juge? J'ai grand désir d'entendre le verdict que tu prêtes au juge. Parle!

 

NATHAN Le juge dit : « Si vous ne me faites pas, sans tarder, venir céans votre père, je vous renvoie dos à dos. Pensez-vous que je sois là pour résoudre des énigmes? Ou bien attendez-vous que le vrai anneau se mette à parler? Mais, halte! J'entends dire que le vrai anneau possède la vertu magique d'attirer l'amour : de rendre agréable à Dieu et aux hommes. Voilà qui décidera! Car les faux anneaux, eux, n'auront pas ce pouvoir! Eh bien: quel est celui d'entre vous que les deux autres aiment le plus? Allons, dites-le! Vous vous taisez? Les anneaux n'ont d'effet que pour le passé? Ils ne rayonnent pas au-dehors? Chacun n'aime que lui-même? Oh, alors vous êtes tous les trois des trompeurs trompés! Vos anneaux sont faux tous les trois. Il faut admettre que le véritable anneau s'est perdu. Pour cacher, pour compenser la perte, le père en a fait faire trois pour un.

 SALADIN Superbe! Superbe!

 NATHAN Et en conséquence, continua le juge, si vous ne voulez pas suivre le conseil que je vous donne en place de verdict, allez-vous-en! Mon conseil, lui, est le suivant: prenez la situation absolument comme elle est. Si chacun de vous tient son anneau de son père, alors que chacun, en toute certitude, considère son anneau comme le vrai. Peut-être votre père n'a-t-il pas voulu tolérer plus longtemps dans sa maison la tyrannie d'un seul anneau? Et il est sûr qu'il vous a tous trois aimés, et également aimés, puisqu'il s'est refusé à en opprimer deux pour ne favoriser qu'un seul. Allons! Que chacun, de tout son zèle, imite son amour incorruptible et libre de tout préjugé! Que chacun de vous s'efforce à l'envi de manifester dans son anneau le pouvoir de la pierre! Qu'il seconde ce pouvoir par sa douceur, sa tolérance cordiale, ses bienfaits, et s'en remette à Dieu! Et quand ensuite les vertus des pierres se manifesteront chez les enfants de vos enfants; alors, je vous convoque, dans milIe fois mille ans, derechef devant ce tribunal. Alors, un plus sage que moi siégera ici, et prononcera. Allez! Ainsi parla le juge modeste.


Ainsi Lessing montre que seul l'amour fait force de loi et lui seul authentifie le message religieux monothéiste. Mais on pourrait s'engager plus loin et montrer que les trois formes de monothéismes forment un tout inséparable. Chrétiens et musulmans qui se réclament du Dieu d'Abraham ont besoin de la foi du peuple d'Isaac le fils d'Abraham pour prouver leur dire. L'antijudaïsme des chrétiens ou des musulmans se retournent toujours contre l'intégrité de leur chemin spirituel. La première alliance a été forgé avec Abraham et menacer le peuple qui se fonde sur elle revient toujours à perdre le sens des nouvelles alliances qui se sont forgées avec les chrétiens et les musulmans. Les musulmans comme il se réclame de la dernière alliance qui fut forgée ne peuvent pas non plus nier l'alliance forgée avec Jésus-Christ sans mettre en cause la leur. Qu'en est-il des chrétiens vis-à-vis des musulmans ? De nombreux chrétiens affirment la divinité de Jésus-Christ ce que les musulmans nient en rappelant que Dieu est Un et qu'il n'y a que lui qui est Un. Il y a là une querelle théologique qui ne semblent pas trouver d'issue à moins de revenir à Lessing et à l'amour...

N'est-ce pas ce que Ramakrishna voulait montrer comme le sommet de toutes les religions lui qui a embrassé l'hindouisme jusqu'à l'éveil, l'a abandonné et a embrassé le christianisme et l'islam jusqu'à être reconnu comme un modèle de chrétien et de musulman ? Ne faut-il pas abandonner ces querelles théologiques secondaires et dogmatiques pour aller au cœur de sa propre religion qui en son sommet s'avèrera le cœur de toutes les religions ? Mais n'est-ce pas manquer une façon d'être propre à ces religions monothéistes que de nier ces réalités théologiques qui les différencient indéniablement ? La négation du système des castes hindoues par le bouddhisme doit-elle être considérée comme un point secondaire en considérant qu'au fond seul importe une expérience divine par delà la fameuse querelle du Soi hindou et du Non Soi bouddhiste ?

L'amour chrétien est-il identifiable à la compassion bouddhiste ? Toutes les rivières spirituelles mènent à l'Océan divin dès lors que la compassion bouddhiste, l'amour chrétien ou encore l’éros socratique conduisent à des attitudes dans la relation au prochain qui sont parfois d'une troublante proximité. Il est évident que toutes ces pratiques conduisent à une expérience d'un semblable Océan divin. Mais ces courants ont-ils une connaissance aussi profonde les uns que les autres de cet unique Océan divin ? Sur la montagne n'y aurait-il pas plusieurs sommets dont l'un seulement serait infiniment plus élevé que les autres ? Autrement dit tout l'Océan est amour mais pour en saisir tout l'amour, n'y a-t-il pas une connaissance qui est en jeu ? Toutes les religions semblent avoir le pouvoir de produire de l'amour mais n'y en a-t-il une qui puisse en produire au-delà de toute mesure si bien qu'elle peut permettre à de rares chercheurs spirituels de dépasser les autres en vérité et donc en connaissance intime de l'amour ?

LES RACINES DU DOGMATISME RELIGIEUX.
Nous allons prendre le problème à l'envers, n'y a-t-il pas dans certaines religions des facteurs d'intolérance et de fanatisme plus forts que dans d'autres qui au fond rendent la production d'amour qui fait leur noblesse beaucoup plus fragile ?
L'article de Wikipédia su Akhenaton est à cet égard instructif :
Amenhotep IV (Aménophis IV en grec ancien, Akhénaton ou, plus rarement, Khounaton) est le neuvième pharaon de la XVIIIe dynastie (période du Nouvel Empire). Manéthon l’appelle Aménophis. On situe son règne de -1355/-1353 à -1338/-1337.
Il est le fils de la reine Tiyi et du roi Amenhotep III. Figure controversée, considéré parfois comme l’un des plus grands mystiques de l’Histoire, il bouleverse, pour le temps d'un règne, l’histoire de l’Égypte en accélérant l'évolution théologique commencée par son prédécesseur et en voulant imposer le culte exclusif de Rê-Horakhty « qui est dans Aton», dont il est à la fois le prophète et l’incarnation. [...]
Le jeune souverain va progressivement d'abord, puis plus brutalement ensuite, imposer la première religion hénothéiste connue de l'histoire, privilégiant le culte du disque solaire Aton. Pour des raisons encore mal connues, mais vraisemblablement en butte au conservatisme et à l'hostilité du clergé thébain, Akhenaton décide d'abandonner le culte du dieu dynastique Amon, le « dieu caché ».
En l'an IV du règne, il fait sa première visite à l'endroit où sera fondée sa future capitale, une cité vierge de la présence du dieu thébain. Il choisit comme emplacement un lieu désertique en Moyenne-Egypte, sur la rive orientale du Nil, où, il fait construire la cité d'Akhenaton (« L'horizon d'Aton »), l'actuelle Tell el-Amarna, à quelque 300 km au nord de Thèbes. Il entame des travaux qui draineront une grande partie des revenus affectés à Thèbes.
En l'an VI, il change de titulature, prend le nom d’Akhenaton, « Celui qui est bénéfique (ou utile) à Aton », et quitte enfin la ville d’Amon, Thèbes. La grande épouse Néfertiti porte le nom de Néfernéferouaton (Belle est la perfection d'Aton). Toute la cour et l'administration royales déménagent pour la nouvelle résidence encore inachevée, dont les temples, dédiés au dieu unique Aton, sont construits à ciel ouvert pour permettre à ses rayons bienfaisants d'y pénétrer.
On attribue souvent cette révolution culturelle et religieuse au seul Akhenaton, mais il semble qu'il n'ait fait qu'imposer une tendance née durant le règne de son père, Amenhotep III. Nicolas Grimal parle d'une « solarisation » des principaux dieux sous ce roi et le culte exclusif du Disque solaire en serait l'aboutissement logique.
Avant Akhenaton, Aton était un dieu mineur dont l'existence est attestée dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, Thoutmôsis II s'était placé sous sa protection et Amenhotep III, dont l'une des épithètes était « Rayonnement d'Aton », avait encouragé le culte du dieu.
En l'an IX de son règne, Akhénaton ira plus loin, dans une apparente radicalisation de sa réforme atonienne : il ordonne de détruire, dans les principales régions névralgiques du royaume, les images de culte des anciennes divinités, à l'exception notable de Rê, afin de mener à bien son "opération" magique, effaçant l'expression des principes anciens pour faire place à la fonction nouvelle qu'il incarnait. En martelant les noms des dieux, dans un système de croyances où le Verbe est créateur, il annule leur faculté de s'incarner et occulte leur influence. Il fait ainsi du Disque solaire le dieu universel, l'Unique « qui n'a pas son pareil », le démiurge qui répète son acte créateur à chaque lever du soleil. Pour souligner la royauté céleste d'Aton, le nom du dieu est inscrit dans des cartouches : il est « Rê-Horakhty qui se réjouit dans l'horizon », « Le Souverain (heka) des deux horizons ».
Le roi est l'image terrestre d'Aton, son « enfant parfait » ; avec la grande épouse royale, Néfertiti, il est le seul intermédiaire entre la divinité et les humains. À l'instar de la triade Amon – Mout – Khonsou, le couple royal forme avec Aton une triade divine adorée dans les demeures des hauts dignitaires. Le peuple quant à lui, perpétue dans une grande majorité les cultes privés traditionnels. [...]
Loin de l'image idyllique d'un pharaon poète et rêveur mystique, image peut-être exagérée par l'imaginaire collectif, le règne d’Akhenaton est aussi considéré par beaucoup d'égyptologues comme une période sombre dans l'histoire de l'Égypte antique. La réforme religieuse d’Akhenaton entraîna une perte d'influence importante des dieux du panthéon traditionnel : suppression de certains cultes, fermeture de temples, perte de biens du clergé, dégradation des effigies divines, ce qui vaudra au roi d'être surnommé - de manière discutable - le pharaon hérétique.
Yoyotte et Vernus ne croient pas en un Aton fanatique et intolérant. Le martelage des noms ne touche pas le royaume dans son entier, et le nom de certains dieux est laissé intact. Le Fayoum semble même avoir presque complétement échappé au martelage.
Si le roi s'attaque aux cultes des divinités traditionnelles du royaume, il n'y a aucune persécution du peuple d'Égypte, qui continue à préserver ses croyances. Les noms théophores au sein du peuple restent inchangés, et à Akhenaton même, la découverte de petites idoles traditionnelles dans certaines habitations plaident pour la continuité des croyances polythéistes habituelles.
Les plus grands spécialistes étant encore très partagés sur la question, il convient donc de prendre tous les faits en considération afin de se faire une idée synthétique des bouleversements apportés par Akhenaton.
Il est cependant évident aussi que, en raison d'une centralisation excessive, et apparemment inefficace, ainsi qu'à l'amoindrissement des actifs et la confiscation des domaines des temples, l'Égypte connut une crise économique. En effet, en l'absence de tout numéraire, le système économique et social était basé sur le troc et sur la distribution des ressources stockées dans les greniers de l'État et des temples, de sorte que la confiscation des « domaines divins » par la couronne ruinait « tout un système de production et de redistribution qu'aucune structure nouvelle ne vient remplacer». [...]
La redécouverte d’Akhenaton et l'Atonisme a contribué à l'émergence de théories originales ou spéculatives au sujet du pharaon à partir du XXe siècle. Freud est l'auteur le plus connu qui s'y soit intéressé dans L’homme Moïse et la religion monothéiste, mais même ses disciples ont préféré classer dans le genre romanesque ou ésotérique, cet ouvrage à la rédaction duquel il travailla longtemps (débuté vers 1910 et publié à sa mort).

Enjeux :


On peut voir dans cet événement la naissance d'une nouvelle mentalité religieuse. Jusque là, la religion égyptienne était à la fois plurielle et une. Avec Akhenaton, le pharaon ne symbolise plus cette synthèse du Un et du Multiple : il veut utiliser la hiérarchie en souverain. Comme nous l'avons vu surtout dans notre blog sur le principe du guru et l'évolution des mentalités, la hiérarchie naissante avait davantage un fonctionnement holarchique. A l'image même du panthéon des dieux égyptiens où l'Un divin et la multiplicité des dieux ne s'opposaient pas, il semble que la société égyptienne dans ses commencements avait conscience que chaque couche sociale était interdépendante des autres. Le pharaon symbolisait l'unité de la multiplicité des couches sociales composant l'égypte, sa fonction n'était pas seulement celle d'un chef hiérarchique.
Akhénaton en niant la multiplicité des dieux est le symptôme d'une transformation d'un système holarchique en un système purement hiérarchique dont le chef convoite une action souveraine.
Le monothéisme est-il au fond la religion qui incarne la dégénérescence des systèmes holarchiques naissants en système hiérarchique ? Ceci expliquerait alors pourquoi l'intolérance religieuse a été surtout le fait des religions monothéistes même si leur Dieu unique est amour ou/et miséricorde. Le monothéisme d'ailleurs aurait réussi à faire croire que les religions holarchiques sont des polythéismes où une multiplicité de dieu anthropomorphiques cache des manœuvres humaines ou démoniaques. Le monde diabolique ne se caractérise-t-il pas par la division ? "Mon nom est légion", dit même un démon lorsque le Christ lui demande son nom.
Spirituellement, il est évident que deux monothéismes ne pourront pas s'assimiler alors qu'on a vu des panthéons étrangers fusionner lors d'une conquête militaire. En un sens un conflit de deux peuples avec des monothéismes différents ou pire une guerre fratricide liée à la concurrence de deux versions d'un même monothéisme imaginaire ne pourront jamais trouver de terrain d'entente religieux. Le monothéisme n'a pas inventé la guerre mais il a été le vecteur de guerres d'extermination dans la mesure où il fallait pour un pouvoir monothéiste vaincre l'ennemi militairement et aussi spirituellement. Le monothéisme ouvrait la porte à l'âge des idéologies.

Satprem dans Néanderthal regarde n'hésite pas à parler de catastrophe spirituelle :


"D'où sont-ils sortis ces petits nazis, ils ne sont pas nés d'hier. Et cet an zéro de notre "civilisation" ? comme si nous étions sortis de rien pour naître à QUOI ? comme si nous sortions d'une ignorance païenne pour être baptisé, enfin, au Dieu vrai et seul et unique, Christ ou Allah ou que sais-je. Nous entrions, enfin, dans l'"âge religieux" - il faudrait dire "le cataclysme religieux", plutôt. Car l'Homme n'était plus, il avait perdu toutes ses racines millénaires pour pousser subitement dans une terre toute faite et ratissée pour lui - et son Destin était fait aussi : il allait tout droit, avec quelques accrocs pécheurs et quelques malignités, au paradis d'Allah ou du grand Seigneur de nos Églises, ou dans les enfers de nos excommunications et fatwa divers, à perpétuité. C'était dit, c'était fait - il n'y avait plus rien à trouver. Nous étions "hommes", à perpétuité, ou diables selon les goûts. Un vrai cataclysme sidérant comme une faille géologique et zoologique entre deux mondes."

Le monothéiste défenseur du dialogue inter-religieux protestera contre un tel jugement. Le chrétien rappellera par exemple que les Pères de l’Église naissante ont volontiers intégré la spiritualité grecque et latine des philosophes. Ils se sont reconnus dans le mouvement de démythologisation philosophique inhérent aux présocratiques et aux socratiques. La hiérarchie céleste chrétienne a des similitudes avec la hiérarchie céleste platonicienne qui ne sont dues au hasard. La condamnation du polythéisme n'est donc pas fondamentale. D'ailleurs l'idée de trinité, d'un Divin unique en trois personnes n'est-elle pas un retour du polythéisme au sein du monothéisme ? Le monothéisme n'est donc pas fondamentalement étranger à ce qui le précède contrairement à ce que sous-entend ici Satprem.

Toutefois ce monothéiste défenseur du dialogue inter-religieux doit bien reconnaître que rares sont les Églises qui affirment qu'un bilinguisme religieux est possible. L’Église catholique même si elle reconnaît depuis Vatican II que les autres religions sont dépositaires d'une lumière de vérité, elle se permet de penser que la sienne propre est supérieure et elle positionne chaque religion en fonction de sa proximité avec ses dogmes.

La description de Satprem concerne donc la majeure partie des monothéismes incapables de concevoir un dialogue interreligieux, incapables de songer qu'une religion puisse conduire à des sommets spirituels aussi élevés. Par ailleurs il est indéniable que l'adhésion religieuse est le plus souvent idéologique dans le sens elle n'a rien d'une aventure spirituelle : la rencontre avec Dieu est renvoyée au moment de la mort. Celui qui affirme avoir une expérience de Dieu en cette vie subit très souvent des tracasseries des autorités religieuses : ce mystique ne va-t-il pas remettre en cause un dogme de la foi au nom de son expérience vivante ? Car reconnaissons-le Jésus-Christ par son expérience vivante a conduit à une rupture entre les juifs et les chrétiens, Mohammed par son expérience a conduit à une rupture avec les chrétiens, etc. Et ceux qui ne prônent pas la rupture ont parfois souligné la valeur des expériences spirituelles au sein des autres religions. Ib'n Arabi, un musulman affirme la valeur spirituelle des autres formes du monothéisme abrahamique mais aussi celle du paganisme. Nicolas de Cusa, un mystique chrétien envisage de façon semblable une valeur spirituelle des autres religions.

Une conception du dialogue inter-religieux ne peut qu'aboutir à distinguer expérience spirituelle et religion au sens monothéiste. Car le terme de religion au sens monothéiste vaut-il pour le monde spirituel indien où des courants dévotionnels comme le shivaïsme ou le vishnouisme qui sont centrés sur des divinités personnelles coexistent sans heurt avec des philosophies védantistes de la connaissance où l'expérience du divin est conçue comme essentiellement impersonnelle ?

Celui qui entre authentiquement dans un dialogue inter-religieux pourra jouer avec les mots pour montrer la justesse spirituelle de sa religion à la lumière d'une expérience religieuse extérieure à sa religion d'origine. Satprem lui-même dans Sri Aurobindo ou l'aventure de la conscience montre que les dimensions individuelles, universelles et transcendantes de la conscience divine unique que Sri Aurobindo souligne comme toutes essentielles à son expérience spirituelle sont le sens profond de la trinité chrétienne du Fils, Jésus-Christ, du Père transcendant et du Saint Esprit immanent. Mais intérieurement même s'il peut continuer à réciter son Credo, il sait qu'il n'appartient plus à une religion, sa foi n'est plus attachée à des dogmes. Ce qu'il a en vue dans le dialogue inter-religieux est devenu une soif d'expérience.



Vivekananda lui-même a perçu que le dialogue inter-religieux conduit au final à personnaliser de plus en plus les parcours spirituels. Les chemins spirituels religieux offrent des grandes lignes mais c'est au fond à chacun de manifester l'individualisation du divin. Les discours où on affirme qu'il ne faut pas disposer des religions et des spiritualités comme des produits dans un super marché sont trop souvent des moyens de maintenir une autorité religieuse. L'enseignant spirituel qui s'avère incapable d'aider l'autre à trouver sa propre voie spirituelle individuelle se réfugie bien souvent dans des pratiques communes à tous ses disciples : on peut se demander s'il a pleinement réaliser cette dimension d'individualisation du divin qu'il est et qui ne peut considérer les autres que de ce point de vue où ils sont une individualisation du divin qui aura ses propres pratiques, ses propres inflexions, etc.


Il faut distinguer comme Sri Aurobindo et Satprem religion et spiritualité. Il faut renoncer à enclore une expérience religieuse dans une forme idéologique comme Akhenaton l'un des premiers l'a fait. Un dialogue inter-religieux ne deviendra authentique que lorsque ce renoncement sera de mise.

Remarque : sur cette distinction, Serge Carfantan sur son site Philosophie et Spiritualité nous donne des éléments de réflexion remarquables.


LES DIVERS DEGRES DE L'EXPERIENCE SPIRITUELLE.

Toutefois renoncer à enclore l'expérience spirituelle dans un cadre idéologique ne signifie pas qu'une expérience spirituelle pointe le même sommet qu'une autre. Le dépassement de nos forteresses mentales religieuses n'impliquent pas que nous devons admettre qu'il n'y a pas d'inégalité spirituelle.


Sainte Thérèse de l'enfant Jésus avait reçu de sa sœur Pauline une image qui peut éclairer ce que nous voulons indiquer ici :

"Pauline me dit d'aller chercher le grand " verre à Papa " et de le mettre à côté de mon tout petit dé, puis de les remplir d'eau, ensuite elle me demanda lequel était le plus plein. Je lui dis qu'ils étaient aussi pleins l'un que l'autre et qu'il était impossible de mettre plus d'eau qu'ils n'en pouvaient contenir. Ma Mère chérie me fit alors comprendre qu'au Ciel le Bon Dieu donnerait à ses élus autant de gloire qu'ils en pourraient porter et qu'ainsi le dernier n'aurait rien à envier au premier."

Même si l'expérience spirituelle concernant les âmes du paradis nous semble un rien éloigné de la manifestation de la conscience divine au cœur de la matière c'est-à-dire au cœur de l'évolution de notre univers matériel, elle dit tout simplement que deux individus peuvent avoir une expérience de l'infini mais que certaines expériences de l'infini sont plus grandes que d'autres.


Ainsi en mathématique il existe des infinis dénombrables c'est-à-dire en bijection avec l'ensemble des entiers naturels.
Comme le montre le schéma précédent l'ensemble infini {2,4,6,8,10,12,...} de tous les nombres est dénombrable puisqu'à chaque nombre pair correspond un entier naturel.

Mais l'ensemble des points d'une droite est-il dénombrable ?

Comme le montre le schéma précédent l'ensemble infini des points d'une droite est aussi vaste que l'ensemble des points d'un cercle fini puisqu'à chaque point du cercle ne correspond qu'un seul point de la droite. Mais les points d'un cercle sont-ils dénombrables ? Entre deux points il y a toujours un point alors il semble que le dénombrement soit impossible. Par l’absurde, Cantor a montré qu'on ne pouvait pas indexer les réels avec des nombres entiers.

Il semble donc qu'on puisse considérer qu'il y a des expériences de l'infini plus dense et donc plus vaste que d'autres. Mais en un sens cela demeure aussi des expériences de l'infini. Si nous reprenons la question de l'amour divin qui semble le point commun de toutes les expériences spirituelles authentiques, nous devons admettre que certaines expériences de l'amour infini sont moins denses et vastes que d'autres même si cela reste d'authentiques expérience de l'amour divin.

Mais nous pouvons encore compliquer notre image avec l'image qui suit :

Si nous considérons ces trois points de vue comme trois points de vue infini sur l'amour divin, il y aurait non seulement inégalité mais aussi différence. Chacun de ces points de vue aurait des spécificités propres étrangères aux autres point de vue même s'il s'agit de point de vue portant sur une seule et même réalité et s’enchâssant au sein d'une seule et même réalité.

Appliquons ceci au dialogue inter-religieux et aux rencontres entre chercheurs spirituels. Le dialogue inter-religieux et spirituel serait rendu difficile car chaque religion et chaque chercheur spirituel ayant individualisé sa recherche aurait une spécificité étrangère aux autres.


LA DIVERSITE DES EXPERIENCES RELIGIEUSES SURMENTALES ET L'EXISTENCE D'UN POINT DE VUE SPIRITUEL SUPRAMENTAL.

On peut rendre les spécificités spirituelles idéologiques et vouloir les rendre universelles en rejetant les spécificités des autres points de vue individuels. Mais sans les rendre idéologiques, on peut entrapercevoir un monde des idées en quelque sorte surmental. Chaque religion, chaque courant spirituel serait l'oeuvre d'une idée force surmentale de l'amour divin.

Sri Aurobindo dans Pensées et Aphorismes, tome 1, Buchet-chastel, p.21-22 écrit :

"Chaque religion a aidé l'humanité. Le paganisme a augmenté dans l'homme la lumière de la beauté, la largeur et la grandeur de la vie, la tendance à une perfection multiforme. Le christianisme lui a donné quelque vision de charité et d'amour divins. Le bouddhisme lu a montré un noble moyen d'être plus sage, plus doux, plus pur; le judaïsme et l'islamisme, comment être religieusement fidèle en action et zélé dans sa dévotion pour Dieu. L'hindouisme lui a ouvert les plus vastes et les plus profondes possibilités spirituelles. Ce serait une grande chose si toutes ces vues de Dieu pouvaient s'embrasser et se fondre l'une en l'autre; mais les dogmes intellectuels et l'égoïsme des cultes barrent le chemin.

Toutes les religions ont sauvé un certain nombre d'âmes,mais aucune n'a encore été capable de spiritualiser l'humanité. Pour cela, ce ne sont pas les cultes ni les credo qui sont nécessaires, mais un effort soutenu d'évolution spirituelle individuelle qui englobe tout."


Nous devons donc quitter l'âge des religions et entrer dans l'âge spirituel.

L'âge des religions dans son côté sombre est dû à l'idéologie des dogmes intellectuels et des intérêts politiques et économiques. Les intérêts politiques et économiques en Occident ont fait chambre à part ou sont adultères. Mais les Évangélistes occidentaux ont ramassé les miettes abondantes du matérialisme européen et occidental et s'en servent pour mener à bien le "Convertissez les nations au nom du Père, du Fils et Saint Esprit." bien loin du sens que lui donne un Douglas Harding par exemple.
Un renouveau spirituel doit comprendre aussi un renouveau social et politique. L'individualisme démocratique doit dépasser le matérialisme technoscientifique qui au fond n'est qu'une version plus sournoise du dogmatisme. L'économie technoscientifique nous amène de plus en plus à manipuler la matière en refusant de voir notre ignorance : nous sommes des apprentis sorciers surchargés de molécules qui perturbent nos hormones et nous subissons maux mystérieux et crises de folies sans vouloir comprendre pourquoi.

Le message de Sri Aurobindo est sans aucun doute qu'il faut nous défaire de nos idéologies, qu'il faut donc assumer individuellement notre évolution spirituelle sans s'inscrire dans un quelconque cadre mental fixe, sans se limiter à telle ou telle technique. Sri Aurobindo est-il un anarchiste mystique qui baigne dans son intellectualisme ? "L'évolution spirituelle individuelle [...] englobe tout.", dit-il. Entrer dans l'âge spirituel implique une individualisation surmentale voire supramentale puisqu'elle englobera les vues religieuses surmentales en faisant ainsi disparaître les zones d'ombres inhérents à ces points de vue sur le divin mais aussi les zones d'ombres propres au point de vue matérialiste technoscientifique. En effet les limites mentales qui se traduisent par un étouffement dans les mailles des idéologies des uns et des autres nous fait aspirer à une conscience au-delà de cette conscience mentale où même ce qui veut se débarrasser de l'idéologie parce que c'est une idée déposée et figée peut susciter une nouvelle forme encore plus perverse d'idéologie ou passer pour du verbiage idéologique.


BILAN.

Ainsi comme nous l'écrivions dans l'article Wikipédia sur Sri Aurobindo :
"Il y a une réalité divine ultime unique aperçue par les grands spirituels des diverses religions mais les diverses religions ne dépassant pas le surmental, ces grands spirituels ne peuvent que percevoir un aspect partiel de cette réalité ultime comme les contradictions théologiques et philosophiques entre les écrits spirituels des religions le montrent clairement. Le supramental est selon Sri Aurobindo une connaissance véritablement intégrale du divin : c'est une connaissance divine de toute la réalité qui se révèle n'être que le divin sous diverses formes, c'est une connaissance du divin par lui-même. Dans ses Lettres sur le yoga, il écrit ainsi : "Les grands Dieux appartiennent au plan surmental. Dans le Supramental, ils sont unifiés en aspects du Divin, dans le surmental ils apparaissent comme personnalités distinctes".

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Nous pourrions donc distinguer à grands traits quatre grandes périodes d'évolution spirituelle :
- Un âge des religions holarchiques qui accompagne l'émerge de la conscience mentale et qui utilise des symboles pour décrire l'intériorité. Ainsi d'après Sri Aurobindo dans les Védas un sacrifice a d'abord un sens psychologique avant d'avoir un sens cultuel. Les explorations spirituelles sont constantes et les religions holarchiques semblent perpétuellement en mouvement.
- Un âge des religions hiérarchiques dont Akhenaton est selon nous un des symboles. En Inde ce sera la négation du sens holarchique des castes au profit d'un sens uniquement hiérarchique.
- Un âge idéologique qui durcit les religions hiérarchiques en leur donnant des métaphysiques rigides, des dogmes à la place des symboles. Le caractère rationnel de cet âge idéologique produira cependant l'idée de tolérance religieuse mais l'individualisme nationaliste ou psychologique générera les idéologies fascistes et totalitaires.
- Un âge spirituel dont l'appel de plus en plus fréquent à un dialogue inter-religieux est un premier signe mais qui devrait se caractériser par une individualisation sans précédent de la vie spirituelle sachant qu'un individu qui s'approche de son essence individuelle divine reconnaît de plus en plus en l'autre ce qu'il est à savoir une manifestation du divin. L'autre devient une dimension de soi sans même que la différence de nos individualités s'estompent. Cet âge spirituel aboutirait à une évolution consciente de la conscience au-delà de la conscience mentale dans ses plus hauts sommets surmentaux. Il aboutirait à l'apparition matérielle d'une conscience supramentale.

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