jeudi 19 mai 2011

LIMITE DE LA CONSCIENCE MENTALE REVELEE PAR LES LIMITES DE LA TECHNOLOGIE. ECOLOGIE ET SPIRITUALITE INTEGRALE 1.


L'observateur attentif aura remarqué que toutes nos technologies des plus archaïques au plus sophistiquées n'échappent pas à l'usure, la panne. Les conséquences de ces usures et de ces pannes sont l'accident voire la catastrophe.

Heidegger voit dans l'essence de la technique une force à l'œuvre que nous ne maîtrisons pas. L'impulsion quantitative de puissance inhérente à la technique supprime la différence entre les étants  (choses et existences en train d'être) et conduit vers l'Être sans étant. La technoscience ignore la question de la différence surgit de l'Être dans l'étant, il y reconduit par le biais de la catastrophe.
Ces explications laissent un flou dans le pourquoi de l'impossibilité d'une maîtrise de la technique qui se joue au cœur de l'usure et de la panne. A vrai dire pourquoi la panne nous surprend-elle au point de produire accident voire catastrophe ?

Quand je conduis, je n'ai pas une conscience directe de ce qui se passe sous le capot ou sous la voiture. Et c'est cette absence de conscience directe qui permettra une panne inattendue. 
De même en travaillant sur mon ordinateur je n'ai accès qu'à une interface, je n'ai pas une conscience directe de tous les processus qui sont en jeu pour donner une réponse sur mon interface. Le bogue sera donc très souvent inopportun. Bien sûr par une série d'entretiens je peux éviter telle panne ou tel bogue, mais restera toujours des impondérables.

A partir de là nous apercevons des limites naturelles à la domination de la nature par notre conscience mentale qui s'incarne en technosciences. Plus nous développerons des systèmes complexes de technologies plus nous risquons un effondrement catastrophique inattendu. Car plus notre système technique est complexe moins nous avons conscience de ses processus de façon directe.
A partir de là deux conclusions s'imposent :

- Nous devrions éviter des technologies dont les pannes seraient catastrophiques au niveau de leurs effets ;



- Nous pouvons envisager sérieusement de développer notre conscience directe du réel.


Une pensée n'est pas une conscience directe du réel. Toute pensée est une fiction représentant plus ou moins le réel mais jamais fidèlement. Seule l'espace de conscience de la perception est perçu directement par lui-même. C'est à partir de lui que nos pensées prennent sens, que nos émotions sont ressenties et c'est aussi en percevant directement à partir de lui que nous nous identifions à une pensée ou une émotion ou bien qu'au contraire nous nous en désidentifions. La spiritualité intégrale peut nous amener à une conscience directe plus approfondie et plus élargie vers le subconscient et le supraconscient. 


Un chemin vers une conscience directe élargie de la matière est-il  possible ? Si notre compréhension des limites de notre conscience mentale à travers les limites de notre technologie est juste alors n'est-ce pas le chemin le plus radical et authentique vers une évolution de plus en plus consciente de la conscience ?

L'écologie politique n'a pas de sens si elle n'est qu'un retrait de l'humanité par rapport à son aventure de divinisation. Contre le matérialisme qui affirme encore de temps en temps (cf. le transhumanisme) une divinisation de l'homme à travers la technique, notre réflexion et notre démarche spirituelle nous amènent à envisager une divinisation par le développement d'une conscience de plus en plus directe de la matière. 
L'écologie politique qui consiste à réduire nos ambitions techniques et faire le deuil d'une divinisation dans cette direction ne semble pas spirituellement consistante. A vrai dire cette réduction n'interdit pas une divinisation dans une autre direction.
La connaissance par identité de la conscience est la seule qui ne passe pas et qui ne soit prisonnière de la mémoire et autre processus indirecte. Mais cette connaissance par identité ne peut-elle pas s'élargir au-delà des limites mentales et vitales de l'humanité ?  Le développement de cette connaissance par identité ne peut-il pas être notre nouveau chemin de divinisation ?