dimanche 31 août 2008

LE DOUTE RADICAL ET L'EVIDENCE INSAISISSABLE DE LA CONSCIENCE. Partie 3.

On trouvera la partie 2 en cliquant ici



PARTIE III : PRESSENTIMENT ET SPECULATION SUR LA TRANSCENDANCE DE L’EVIDENCE INSAISISSABLE.

PRESSENTIMENT DE L'ETRE TOUT POSSIBLE AU DELA DU HASARD ET DE LA NECESSITE.

Retrouvons l’examen direct de notre intériorité, de notre conscience. Elle est certes habitée par les fins de notre troisième personne. Mais ces fins n’en demeurent pas moins des apparences, ce qui apparaît dans la conscience. Dans l’œil de la première personne qui s'ouvre, la troisième personne semble devoir participer à cette ouverture en la voulant mais une fois l’œil bien ouvert, ce mouvement de vouloir intentionnel de la troisième personne ressemble de plus en plus à n’importe quelle apparence de la conscience parmi d’autres dans l’espace manifesté de conscience. A ceci près que cette apparence d’intentionnalité exprime dans cette bulle individualisée de conscience la révélation même propre à la première personne. La volonté propre à la troisième personne lorsqu’elle ne s’abandonne pas à l’œil de sa première personne crée un obscurcissement psychologique à la croisée du point de surgissement de la troisième personne au sein de la première. Cette obscurité psychologique persistante permettra bien souvent d’oublier cette possible évolution de la conscience. La nécessité appartient à l’ouverture de conscience elle-même mais cet être de l’ouverture, cet être qui s’ouvre dans l’ouverture s’ouvre sans nécessité, sans pourquoi. Le comment de cette pensée obéit à certaines déterminations qui en font une pensée, une certaine qualité de la conscience comme ce papier, cette encre, cette main... Mais sa présence demeure inexplicable, profondément mystérieuse. Elle est sans pourquoi car elle est ce qui donne sens, ce qui désigne l’autre expression d’elle-même tout en se désignant implicitement, source de la pensée et de l’être qui ne peut être close en tel ou tel sens, qui de fait demeure silence sensible à l’arrière plan du monde des apparences, et qu’on peut apercevoir entre deux impressions, deux pensées ou en arrière des pensées et impressions. La pensée qui va se déployer pour approfondir la précédente pourrait ne pas se déployer, je peux me laisser aller à penser autre chose, une pensée peut surgir sans rapport avec ce qui précède : un coq à l'âne, une pensée distraite de ce qui précède ou encore la pensée impression de ce nez qui me gratte, la pensée qui impliquera une nouvelle activité sans rapport avec cette réflexion. Autrement dit dans ce jeu d’approfondissement de la pensée par une autre qui au fond vise à faciliter l’accès au jaillissement de la pensée, à précéder la pensée déterminée dans l’arrière plan indéterminé de la pensée présent/absent à toute pensée, à ce point de provenance de la pensée qui précède non seulement l’énonciation de l’idée en paroles, mais qui précède l’idée non encore verbalisée mais déjà déterminée dans la mémoire. L’Être ne peut être autrement qu’Être, l’Être est nécessaire mais n’étant soumis à rien d’autre que lui-même, l’Être est ce qu’il est sans nécessité. La pensée en tant qu’acte d’être bien qu’elle semble finalisée ou dirigée en troisième personne se relativise donc dans l’ouverture propre à la première personne, comme gratuité de sens propre à l’existence en première personne. Le concept d’une polarité du hasard et de la nécessité issue d’une connaissance objective en troisième personne a donc un parfait équivalent avec l’être même de la conscience en première personne se posant nécessairement à travers sa propre existence tout autant que par le plus grand des hasards ou pour mieux dire par la plus grande des contingences. L’Être rend nécessaire la chose qui aurait pu ne pas être. L’Être rend nécessaire l’univers qui aurait pu ne pas être et qui est donc par le plus grand des hasards ou la plus grande des contingences. Le flux de l’espace temps matière qui prend conscience apparemment de lui-même ou le flux de la conscience immatérielle qui prend des apparences matérielles dans son indétermination la plus forte est une expression possible de cet ETRE TOUT CE QUI EST POSSIBLE, de L'ETRE TOUT POSSIBLE.


SPECULATION SUR L'ETRE TOUT POSSIBLE, L’UN ET LE MULTIPLE.

De la dénomination de L’ETRE TOUT CE QUI EST POSSIBLE à celle de L'ETRE TOUT POSSIBLE il y a un écart important, peut-on faire l'expérience de cet écart ? Ce changement assez discret nous fait passer de la phénoménologie en première personne croisée à la science expérimentale à un problème métaphysique. En effet la première dénomination est une tautologie qui limite la puissance de l’Être à la puissance qu’il a alors que la deuxième affirme une absence totale de limite de la puissance de l’Être. L’Être selon cette deuxième dénomination n'a pas de puissance limitée car il est l’essence de la puissance comme pur « pouvoir ».
Une autre question peut s’adresser à toutes nos affirmations précédentes. Le caractère local de la chair pensante renvoie t-il aussi simplement que cela à l’univers global ? Dans la pensée il y a certes un caractère non local, la vision mentale non discursive propre à la première personne dévoile les travers psychologiques de la troisième personne. Elle distingue la pensée objective en troisième personne relative à la vision en première personne des pensées subjectivistes de la troisième personne usuelle. Elle permet de modéliser des lois non locales de l'univers. Son « je-suis /je-ne-suis-pas-cela», son « je ne suis rien/je suis tout » préverbal est donc à la fois localisé par sa chair personnalisée et universel non localisé en tant qu’impression de conscience en première personne. Mais ne nous avancerions-nous pas trop en affirmant ainsi implicitement qu’il inclut sa nécessité matérielle comme un archétype énergétique intemporel commun à toutes les autres irruptions matérielles de conscience dans l’univers ? Cet archétype est-il une simple reconstruction imaginaire ou bien est-il en soi l’embryon de la pensée qui s’incarne désormais dans le cerveau depuis que le flux évolutif l’a cristallisé en nécessité ?
On pourrait ici pour répondre à cette deuxième question utiliser la fiction présentée précédemment où il y a erreur de corps virtuel. Mais pour rendre la réponse plus directe encore, imaginons qu’on m’enlève mon cerveau droit et qu’on y greffe le cerveau droit d’une autre personne. Qui suis-je alors ? Je ne suis plus le moi usuel que j’étais ni non plus le moi usuel de cette autre personne. Mais du point de vue de l’ouverture de conscience où paraît cette nouvelle individualité en troisième personne issue de la greffe qu’en est-il ? Est-ce la même première personne ou une autre ? En fait il semble qu’elle demeure la même car c’est justement la structure qui offre la possibilité du même et de l’autre à la personnalité. Elle lui offre la continuité et le changement comme possibilité. L’ouverture de conscience en première personne transcende donc l’individualité. C’est parce qu’elle n’est rien de défini du point de vue personnel qu’elle peut être le lieu de toutes les possibilités individuelles, même si on peut se demander en l'occurrence si sa transcendance peut exister sans l'immanence d'une individualisation matérielle.
Mais quel est le lien concret entre la conscience en première personne et la différence de point de vue cosmique par lequel la première personne se manifeste comme l’interaction de mon individualité avec le monde ou comme l’interaction d’une autre personne avec le monde ?
Il s’agit ici de quelque chose qui concerne la matérialité du cerveau. Il y a un principe d’intériorité de la matière, des cellules. Plus précisément c'est un principe d’intériorité d'une structure matérielle même si les éléments matériels de cette structure varient. Dans la conscience d’un individu, il y a donc une partie universelle de la structure de conscience qui ne dépend pas de facteurs individuels variables de cette structure. Du point de vue de cette fiction de la greffe et dans la perspective de la première personne, l’identité individuelle n’est pas ce qui importe mais l’évolution de sa manifestation par le biais de ses diverses manifestations individuelles.


Il ne se peut peut-être pas qu’il y ait de conscience en première personne indépendante d’une individualité, car cette structure universelle semble être bien souvent une dynamique inconsciente d’individualisation de la conscience. Mais à partir de là oublier la dimension d’unicité de la conscience, d’universalité de la conscience en première personne par confusion avec la pluralité individuelle est certainement une erreur psychologique importante ou au moins un refus d’évoluer en tant que chair du monde consciente. Allons plus loin, une loi globale et non locale amène la matière à créer un environnement où la structure universelle potentielle sur le plan global s’actualise en s’individualisant localement. Il y a bien un archétype de la conscience en première personne qui s’actualise et dont j’ai l’expérience indirecte et partielle à travers les structures universelles de la première personne. En considérant l'ADN comme potentiel d'individualisation matérielle, il faut admettre cependant un processus non local de cristallisation matérielle et donc en un sens une forme d'archétype non local et non temporel même s'il émerge suite à une évolution matérielle. De même la pensée comme processus chimique exige un processus émergeant non local et non temporel, autrement dit une forme d'archétype comme un champ de courbure quasi immatérielles guidant et orientant synchroniquement toutes les matérialisations. Les chaînes causales linéaires, spatiales et temporelles ne nous semblent pas suffisantes pour expliquer l’émergence en tout point de l’univers dans certaines circonstances physicochimiques de cristallisations vecteurs de nouvelles formes d’intériorité. Nous ne pouvons pas savoir ultimement si le processus non local et non temporel formant un monde d'archétypes pourrait être dit immatériel ou d'une matérialité subtile mais quoi qu'il en soit il n'est pas un processus matériel dans le temps et l'espace, qu'on peut saisir et manipuler de l'extérieur puisque c'est le processus intérieur de la matière. Peut-être aurons nous une réponse si une expérience directe de cet archétype n’est pas impossible ?



Voir en nous ce qui ne relève pas de l’individualité, comprendre objectivement que notre individualité est le terme d’un chemin d'un chemin évolutif de l’univers change notre perspective usuellement égocentrique. Car de ce point de vue on accepte de ne plus être un terme mais au fond d’être juste une forme temporaire au sein du flux évolutif. Notre conscience en première personne devient en quelque sorte conscience du flux évolutif et de sa matérialité fondamentale.
Mais si le jeu évolutif n’est qu’un jeu de hasard et de nécessité, seul un lâcher prise suffit. Il suffit de laisser se jouer dans la conscience toutes les apparences y compris celles qui refuseraient de s’y soumettre pour trouver une position individuelle heureuse dans ce flux qui forcément nous emportera.
Seulement ce lâcher prise absolu est, si nous nous se tenons à notre approche intégrant une dimension matérialiste, une nouvelle position évolutive. C’est un facteur de dépassement de l’individualité égocentrique au service du flux évolutif universel.
Explorer l’authenticité de ce lâcher prise absolu met tout de même à côté du seul jeu de hasard et de nécessité un quelque chose qui ne s’y réduit pas.
L’égocentrisme se caractérise par une intentionnalité réduite à elle-même, à la seule perspective de fragiles finalités individuelles qui sont liées à la peur de la mort et au désir de se perpétuer sous diverses formes comme nous l’avons montré précédemment. Dans le lâcher prise cette finalité individuelle s'évanouit au profit d’une créativité universelle à laquelle semble se soumettre la finalité individuelle. La finalité n’est pas tout à fait illusoire dans la mesure où avant de lâcher prise elle doit toute entière se cristalliser comme soumission à la vision en première personne qui est présence en nous du flux évolutif. Cette finalité individuelle réorientée dans la direction du flux évolutif non finalisé transforme l’individualité en un élément intégral du flux évolutif. Le caractère nécessaire de l’individualisation du flux évolutif émerge sans que le produit ne soit plus une impasse du flux. Comme si le flux se ressaisissait dans l'individualité englobant par-là même toutes les autres individualisations du flux. Comme si l’évolution d’une individualité était l’évolution de tout le flux évolutif lui-même en parfaite communion et harmonie avec toutes les évolutions locales/globales de toutes les individualisations du flux.
L’harmonie émerge même des conflits apparents entre individualités car le flux ne saurait totalement se contredire à cause de son unité principielle qui justement se redécouvre au sein de ses individualisations.
S’agit-il encore simplement de hasard et de nécessité où finalement la nécessité n’est que du hasard cristallisé temporairement ? L’évolution peut-elle se résumer comme la formation par un jeu de hasards et de nécessité, les hasards donnant des nécessités et les nécessités s'évaporant de nouveaux en purs hasards, d’une impulsion non locale à ce que la matière se structure en un écosystème approprié à une structuration locale en conscience s’individualisant ? Pour que notre archétype soit tout à fait intemporel il faut qu’il constitue une nécessité qui échappe définitivement au jeu déstructurant du hasard.
Il semble qu’il y ait un principe guidant ce jeu de hasards plus ou moins cristallisés en nécessités. C’est la nécessité imposée par une non-dualité principielle de l’unité et de la démultiplication du flux. La science matérialiste nous montre que malgré l’unicité de chaque chose à notre échelle qui inciterait à penser un pur multiple, tout proviendrait d’un point unique d’énergie espace temps. Cette unité énergétique des phénomènes nous paraît d’ailleurs assez évidente à grande échelle où ce qui distingue une étoile d’une autre redevient essentiellement quantitatif. Au cœur du multiple l’unicité de la chose par ailleurs signe encore la présence de l’un. Y aurait-il unicité sans l’un ? Une pure multiplicité devrait être multiple en chacune de ses « parties » mais déjà cette notion de partie impliquant celle de tout est impossible et impensable sans qu’il existe de perspective d’unité au moins sur un plan fictif mental, qui s’est avéré être au-delà du doute sceptique ce qui caractérise ontologiquement l’évidence insaisissable de la conscience et de ses apparences. L’unicité de chaque point du multiple pour ne pas redonner à l’un toute sa possibilité devrait être seulement un produit illusoire du multiple et pas même une fiction. La conscience en première personne serait donc un effet illusoire de la multiplicité fictive des apparences matérielles. Mais alors comment expliquer les effets matériels de cette conscience en première personne ? Comment expliquer l’efficacité de la fiction mentale de l’un sur le pur multiple matériel et lui seul réalisé ? On peut dire que le multiple se démultiplie lui-même et que la fiction mentale de l’un n'est qu’un effet secondaire de cette forme de démultiplication. Mais c’est là alors un jeu de mots n’y a-t-il pas alors comme une forme de nécessité ontologique de la fiction de l’un et de son efficacité ? Il y aurait comme une intemporalité du multiple ayant pour effet temporel la fiction mentale de l’un. Un facteur démultipliant intemporel n’est-ce pas équivalent à la démultiplication tout d’abord intemporelle de l’un en multiple intemporel ?
Cette nécessité de l’un et du multiple si elle est bien effective est ouverte à tous les possibles, à tous les hasards, à toute forme de contingence mais elle leur impose une structure, un principe premier de structuration. Tous les possibles multiples s’intègrent toujours les uns les autres dans une unité dont ils ne peuvent s’écarter par essence puisqu’ils sont les actes multiples de cette unicité première en dehors duquel rien n’existe sinon ses possibles démultiplications.

Si nous prenons au sérieux la dimension toujours intérieure de la conscience en première personne, nous devons la pressentir à l’aube même du processus énergie espace temps. Si le multiple est l’acte démultiplié de l’un, il y a donc une intériorité de l’un où s’extériorise le multiple comme acte pur multiple de l’un. Le rapport entre l’un et le multiple serait l’équivalent au rapport entre l’espace de conscience en première personne qui n’est qu’intériorité et ses contenus intérieurs qui ouvrent entre eux une extériorité. D’ailleurs le pur multiple supposerait une pure extériorité que l’existence de l’intériorité en première personne rend peu crédible voire impensable sinon à titre d’hypothèse allant à l’encontre de l’évidence certes insaisissable mais indubitable de cette première personne dès qu’on en a le pressentiment. Le jeu de l’un et du multiple selon notre hypothèse suscite donc inévitablement un englobant équivalent à l’intériorité de la première personne puisque l’un ne se démultiplie pas en dehors de lui-même. A partir de là la question est de savoir quel est le rapport entre l’intériorité fondamentale de l’englobant et l’intériorité individualisée de la conscience en première personne ? Tout ce qui se déploie se déploie à l’intérieur de l’un impersonnel y compris la personnalité comme forme nécessaire d’intériorité individualisée au sein de la dimension englobante de l’un. La personne suppose la relation. Cette dimension semble devenir nécessaire en l’un mais elle est engendrée et ne semble pas première. Mais comme elle est engendrée nécessairement par l’un et sa dimension englobante et non pas créée par le seul hasard, elle est comme virtuellement inscrite dans le caractère englobant de l’acte démultiplicatif de l’un. Reste à savoir s’il y a un champ pré-cosmique d’archétypes, autrement dit si la personnalisation ou l’individualisation de la conscience de l’un est « antérieure » à la matière en tant qu’archétype ou si c’est son développement matériel qui en crée l’archétype ? Quoi qu’il en soit l’archétype est intemporel en tant que nécessité imprescriptible même si elle est apparue à un moment du devenir temporel. Un enjeu fameux de ce questionnement est ce que nous désignons par Dieu. Dieu est-ce l’archétype de la personnalisation engendré par l’un non pas créé et existant avant tous les temps comme le disaient certains gnostiques ou philosophes inspirés de Platon ? Ou Dieu n’est-il qu’un archétype lui-même soumis à un éventuel archétype au-delà de Dieu encore paradoxalement à venir puisqu’il sera aussi intemporel ? Ou si Dieu est l’un lui-même ne pourrions-nous pas parler soit d’un archange principielle c’est-à-dire l’archétype humain du divin, lumière de la lumière comme Gabriel pour les musulmans ou soit du Fils de Dieu, engendré non pas créé, lumière de la lumière, vrai Dieu né du Père comme le Christ pour les chrétiens ? Le statut de l’intemporel pose ici question.

Premièrement, devenir intemporel est-ce lié au pouvoir de voyager dans les temps futurs et passés pour se situer avant tous les temps réorientant « introspectivement » le temps dans tout son déroulement comprenant la succession de tous les instants ? On peut vaguement éclairer ceci avec une hypothèse de science fiction : l’archétype Dieu créateur ou de divine personnalité serait accompli en l’humanité divinisée dont chaque individu engloberait l’univers et donc la communion entière des individus, chacun étant donc membre et tête créatrice de cette communion reviendrait à l’aube des temps pour créer l’existence même de l’univers un et multiple qui l’a produit.
Ou bien deuxièmement et plus modestement, devenir intemporel est-ce se situer à partir du seul instant présent en marge de tout ce qui est devenu jusqu’à cet instant et peut devenir à partir de lui pour en reprendre tout le cours. Cette sortie du temps liée à une pure présence intemporelle en marge du devenir qui compose l’autre dimension de l’instant présent permettrait de façonner tout le temps car qu’est-ce que le temps sinon toute la durée du temps passé présente à l’instant présent ? Le devenir n’existe pas en dehors de l’éternité de l’instant, on ne peut que constater son absence passée puisque le déroulement linéaire du temps représenté dans l’instant présent n’est que le fruit d’une reconstitution à partir des traces du devenir sélectionnées dans l’instant présent. La durée toute entière n’est-elle pas l’ensemble des traces du devenir présente dans l’instant présent éternel ? On perçoit par exemple que la forme présente d’un arbre est celle de ses croissances successives caractéristiques de sa loi du devenir dans l’instant ; toute la durée temporelle de l’arbre est donc sa forme présente et son archétype du devenir est l’ensemble de ses lois de croissance dans l’instant. La prise de conscience de notre première personne a d’ailleurs de façon similaire ce statut étonnant : elle semble toujours avoir été là, même nos souffrances passées liées au fait de ne pas la connaître ne peuvent nous faire douter de sa présence intemporelle à notre vie tout entière.
Une connaissance parfaite de ces principes nous échappe encore pour le moment et ceci explique sans doute le caractère plus spéculatif que pratique des raisonnements précédents. Car la raison n’en est qu’un reflet lointain, notre intuition n’en est qu’un symbole à commencer par celle de notre première personne et le (pres)sentiment de son caractère archétypal à la croisée de la première personne et de la troisième personne où la première s’incarne. Si nous en avions une connaissance directe nous serions les maîtres du temps et du devenir de la chair autrement dit les maîtres des lois orientant l’univers. Nous ne serions pas maîtres de faire des miracles qui semblent faire exception aux lois de l’univers, nous serions maîtres des lois et de leurs exceptions, ce serait un état bien au-dessus du miracle.
C’est dans toute notre action individuelle que ces principes se dévoilant nous en aurons peut-être un jour la connaissance directe idéalement créatrice voire pré-créatrice. Si notre intuition exprimée par la raison voit juste, l’évolution en jeu à travers nous concerne la connaissance de ces principes créateurs qui doit devenir de plus en plus nette au cœur même de l’individualisation une et multiple de l’englobant, l’ultime intériorité de toute chose.
Au-delà des formations de hasard et de nécessité en tant qu’individu si vraiment l’aventure de l’individualisation est une figure de nécessité à la croisée du principe de l’un sans second et de ses démultiplications hasardeuses ou contingentes, nos actes sauront d’eux-mêmes discerner ce qui relève de l’un et de l’autre pour que se dessine la nécessité de notre individualité humaine comme nouvelle étape d’individualisation réussie du flux évolutif inhérente à la croisée englobante de l’un et du multiple.
Quant à notre première question concernant le rapport entre l’Être et le possible, si l’un et le multiple est la réalité fondamentale, qu’est-ce qui limiterait les possibles multiples de l’un ? En soi rien hormis que dans les faits il y aurait une impulsion nécessaire à toujours plus d’individualisations unissant l’un et le multiple. Il faudrait alors bien évoquer l’ETRE TOUT POSSIBLE. Et paradoxalement cette deuxième question aurait des répercussions sur les questions laissées en suspens précédemment : les hypothèses les plus modestes n’interdiraient pas celles défiant les limites de notre raison.

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