mercredi 22 juillet 2009

QUE VOTRE OUI SOIT OUI, QUE VOTRE NON SOIT NON !

Les stoïciens nous permettent de mieux saisir la puissance de la carte dessinée par Douglas Harding :
Si nous n'acceptons pas ce qui ne dépend pas de nous, nous refuserons en vain ce qui est de l'ordre du fait. Ce qui dépend vraiment de nous est la conscience du vide qui entoure le monde et en laquelle il nous est aisé d'accueillir les faits du monde. Ce qui dépend de nous est donc la volonté de vouloir ce que le tout manifeste. Autrement dit nous acceptons et voulons tout ce qui se passe dans le monde, tout ce qui arrive aux autres mais aussi tout ce qui arrive à notre corps qui est le fruit de la nature où celle-ci prend conscience d'elle-même en tant que conscience du tout agissant en lui selon sa capacité.

Le malheur survient de ce ce que nous ne voulons pas ce qui est en train d'être et surtout de ce que nous ne voulons pas ce que nous sommes en train de faire. Nous aimons le drame et nous brisons sans cesse l'harmonie de base entre ce qui dépend vraiment de nous et ce qui n'en dépend pas au niveau de notre capacité d'action individuelle.


La contradiction entre ce que nous faisons et ce que nous désirons est la source de notre malheur. A vrai dire notre désir est souvent divisé : nous faisons telle chose parce que nous le désirons, mais, tout en le faisant, une partie de nous désire aussi autre chose voire quelque chose d'opposé.

Notre OUI n'est pas un OUI et notre NON n'est pas un NON. Or sans cette intégrité du OUI et du NON, nous ne pourrons pas retrouver l'harmonie entre ce qui dépend vraiment de nous et ce qui n'en dépend pas. Car nous ne serons pas simultanément conscience Je SUIS désidentifiée de la troisième personne et prise de CONSCIENCE DU TOUT.


mardi 21 juillet 2009

VISION SANS TETE ET MOUVEMENT INTEGRAL . EPISODE 4.

Si on considère l'éveil ou quelque nom que l'on donne à l'expérience spirituelle, du point de vue du mouvement intégral néo-wilbérien, il y a des éveillés plus éveillés que d'autres. Ken Wilber implicitement affirme que son éveil est supérieur à celui du Bouddha ou de Jésus-Christ puisqu'il se déploie dans une mentalité plus éclairée.

Nous avons essayé dans nos post précédents de traduire cette approche de l'éveil en utilisant l'apport de Douglas Harding et nous avons proposé ceci :

A vrai dire, une fois ce nouveau tableau tracé, le fait que certains éveils seraient plus éveillés que d'autres devient assez peu convaincant.


Premièrement, tous les niveaux d'expériences et d'états d'être non-duels présentés dans notre schéma se rejoignent dans l'absence de temps de celui qui se vit en première personne (selon Douglas Harding) et ceci quelle que soit sa mentalité et donc sa conception du temps du monde. D'où la nécessité d'un schéma d'évolution des mentalités s'intégrant en une unité de l'Être :



Deuxièmement, ce sera le même corps subtil dont les centres s'illumineront dans cette vision sans tête au fil même de son expression. Cette illuminations des centres subtils aura bien des nuances liées à un contexte culturel mais au final c'est la conscience elle-même qui anime ces centres d'un corps subtil qui se découvre au grès de son bon vouloir et non d'une conception mentale.

Ainsi sur notre dessin nous avons représenté des centres mais cette illumination au fil du Devenir peut en privilégier certains et laisser d'autres inaperçus, elle peut déplacer sa présence dans une zone et non un centre, etc. Prendre conscience du corps subtil est souvent lié à une technique et donc à une culture comme celles qui ont donné lieu aux yogas, au Qi Qong, aux pratiques soufis des Latifa. Vivre la non dualité en première personne revient à relativiser ces pratiques et ces techniques pour laisser se manifester l'énergie de l'Être, comme bon lui semble, dans le Devenir de l'individualisation du corps universel. Cette illumination des centres ou plus généralement la vie du corps subtil met donc en jeu à chaque fois la croisée de l'Être et du Devenir.

Les états les plus approfondis sont donc autant à la croisée de l'Être et du Devenir d'une culture qu'à la croisée de l'Être et du Devenir d'une individualisation de la Conscience en première personne. En ce point d'acte pur où le mobile et l'immobile, le personnel et l'impersonnel, etc. sont des dimensions d'une unique réalité, peut-on affirmer un éveil plus éveillé qu'un autre du point de vue de la vie culturelle où il s'interprète ? N'est-ce pas risquer de juger le point d'émergence de la lumière qui se manifeste à l'aide d'une lumière fossile qui ne vit guère en son propre point d'émergence ?

Troisièmement, se tenant vraiment à la croisée de la forme et du sans forme, à la croisée de l'Être et du Devenir, etc., c'est la première personne qui s'individualise pouvant même à travers son individualisation susciter une évolution des mentalités. Ceci dit peut-on comparer une individualisation de la première personne à une autre ? Car ce qui est en jeu est d'abord un processus et non sa trace mèmètique mentale. Faire la volonté de Dieu est l'état de non-dualité le plus profond car alors la volonté individuelle ne se distingue plus du processus divin de manifestation. La volonté usuelle de l'ego reste une action de la manifestation divine mais au niveau de désirs déterminés qui visent à reproduire cette manifestation sans souci de sa pérénnité. La volonté divine est auto-créatrice tandis que nos désirs restent seulement reproducteurs et de ce fait s'avèrent au final consommateurs de la manifestation et enfin destructeurs. Faire la volonté divine revient à se libérer du désir relatif à la séparation entre l'ego et le monde. Quelle que soit, dès lors, notre niveau de développement mental, faire la volonté de Dieu nous place dans la dynamique même du processus divin à la croisée de son Être et de son Devenir. De ce point de vue, un enfant axé sur son authenticité exprime la volonté divine : il doit être entendu par nous si nous voulons nous-même faire la volonté divine...

Quatrièmement, toutes les inscriptions mentales de ces processus semblent ainsi s'inscrire sur une seule et même sphère mentale. Un enfant peut se faire comprendre d'un adulte et peut à sa façon exprimer des subtilités que certains adultes auront du mal à entendre. Bien sûr réciproquement, un adulte peut répondre en un sens à un enfant à ses questions les plus abstraites de manière satisfaisante. Il dispose pour ce faire de symboles, de métaphores, d'allégories, de paraboles, etc.


Ces faits nous amènent à relativiser le schéma de développement mental sur lequel le mouvement intégral wilbérien s'appuie couramment. Il y a un développement mais il doit être relativisé comme lié, selon nous, à une exploration d'un même niveau de conscience mentale. Plus cette exploration s'approfondit, plus elle révèle le mental comme une sphère qui limite le regard de la conscience humaine et cela même si la conscience humaine est éveillée au fait de manifester la vie divine. Sur cette sphère mentale, aucun point n'est plus élevé qu'un autre, mais chaque point s'avère une exploration de cette sphère qui d'un certain point de vue complète et enrichit l'exploration de la sphère entière. Les lecteurs de Sri Aurobindo, Mère et Satprem auront reconnu ici un de leur thème récurrent.

La "logique-visionnaire" qui est pointée comme la mentalité propre au mouvement intégral au sens de Ken Wilber risque en un sens de manquer le but et l'enjeu de cette exploration. Tout d'abord, l'exploration de la sphère mentale, s'il s'agit comme d'une sphère, ne peut que tourner en rond. Ensuite, seule la prise de conscience des fissures d'ignorances insurmontables propres à cette sphère mentale peut susciter une insatisfaction authentique c'est-à-dire un besoin d'Être qui nous en arrachera éventuellement.



mercredi 8 juillet 2009

VISION SANS TETE ET MOUVEMENT INTEGRAL. EPISODE 3.



Wikipedia définit ainsi les Mèmes :

"Un mème (de l'anglais meme ainsi que du français même) est un élément culturel reconnaissable (par exemple : un concept, une habitude, une information, un phénomène, une attitude, etc.), répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. L'Oxford English Dictionary définit le mème comme « un élément d'une culture pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation »[1].

Le terme de mème a été proposé pour la première fois par Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976) et provient d'une association entre gène et mimesis (du grec « imitation »), en même temps qu'un jeu de mot sur le mot français « même ». Les mèmes ont été présentés par Dawkins comme des réplicateurs, comparables à ce titre aux gènes, mais responsables de l'évolution de certains comportements animaux et des cultures."
Les Mèmes permettent donc de penser une évolution des cultures d'une manière semblable à l'évolution biologiques. Le jeu du hasard et de la nécessité modifie les gènes et sélectionne les plus aptes dans un milieu naturel donné. Dans le cas des Mèmes, on perçoit moins bien où pourrait se jouer le jeu du hasard et de la nécessité. Les neurobiologistes situent ce jeu au sein des connexions cérébrales. Le jeu du hasard et de la nécessité des connexions cérébrales produirait face à des situations nouvelles, des bouleversements du milieu culturel et/ou naturel ce qui s'avérera de nouveaux mèmes qui parfois en cas de crise majeure produiront une évolution significative des mentalités et du rapport culturel au milieu naturel.

Cependant ce schéma ne rend pas compte tout à fait de l'intervention de la conscience dans la formation des Mèmes.
Si ceux-ci étaient seulement générés par une réaction à des conditions psychologiques, sociales, naturelles, etc., on ne pourrait expliquer la recherche scientifique qui semble liée à un intérêt souvent lointain par rapport à des résultats pratiques immédiats. Car la pratique scientifique met en jeu une crise culturelle virtuelle intentionnelle absolument sans rapport avec une situation de crise réelle (sociale ou environnementale). Les grands scientifiques témoignent d'une mise en question des Mèmes de leur culture sans autre souci que la connaissance plus juste du réel. Cette mise en question ignore souvent sur quoi elle débouchera. Darwin lui-même dira qu'avec la théorie de l'évolution il avait le sentiment de devoir comme confesser un meurtre. Il était conscient au moins partiellement de la crise culturelle que générerait sa théorie scientifique mais en tant que telle sa théorie est plutôt une prise de conscience du réel qu'une réponse à une situation environnementale.
Par ailleurs, si on admet que les Mèmes sont des réplicateurs sans conscience, on aura de forte difficulté à expliquer les luttes politiques du XXe voire de notre XXIe siècle entre Mèmes totalitaires et Mèmes démocratiques. Plus généralement, on ne pourrait pas rendre compte de la résistance à certains Mèmes voire des abandons de nouveaux Mèmes pour revenir à d'anciens du point de vue d'un vécu intérieur qui se ressent comme une libération de conscience.

Si on considère la crise écologique en cours, elle met en jeu des conflits mèmètiques entre des Mèmes confiants en un progrès technoscientifique qui apportera des solutions adaptées et des Mèmes qui considèrent qu'il y a là une crise de la conscience mentale elle-même. La mèmètique reste une pensée de la circulation de la pensée : un Mème affirmant que la crise écologique, morale, spirituelle, etc. a pour source les limites inhérentes à le pensée pointe au fond un en-dehors de la pensée. Ce Mème n'est donc pas celui d'un scepticisme intellectuel sous une nouvelle forme. Le scepticisme intellectuel est d'ailleurs pratiqué méthodologiquement par les scientifiques pour esquisser une meilleure connaissance du réel et le Mème que nous diffusons malgré nous parmi d'autres affirme les limites de la pensée y compris scientifique pour relever le défi de la crise en cours. Notre Mème met en avant l'être de la bulle de conscience où maintenant nous nous tenons.

Faisons un brin de science fiction et otons notre cerveau de notre tête, n'apparaît-il pas dans cette bulle de conscience comme un objet ? Si notre conscience est générée par ce cerveau, elle n'est pas à considérer comme un produit qu'on pourrait seulement expliquer en observant ce cerveau de l'extérieur, il faut absolument l'expliquer ou du moins la comprendre en quelque sorte de l'intérieur.
Or par définition le scientifique n'est-il pas celui qui part d'une observation extérieure même si par des procédés elle s'assure de son objectivité ? Selon nous affirmer que le point de vue objectif extérieur explique le point de vue intérieur revient à nier la donnée première du vécu intérieur.

En observant les échelles de la réalité révélées par les sciences, il apparaît que la conscience humaine vécue intérieurement semble surgir de l'Etre intérieur qui anime la constitution des échelles macroscopiques et microscopiques. On ne saurait limiter le surgissement de la zone de conscience humaine à une activité de la seule échelle cellulaire. Des thèses hétérodoxes estiment que la conscience est une dimension de la réalité qui existe en dehors de la matière et qui utilise des phénomènes quantiques ou chaotiques pour s'exprimer. Mais ce que notre présentation des échelles de la réalité telle que la science les représente veut mettre en avant est la profonde interdépendance de toute la réalité matérielle et son caractère nécessaire en que tout interdépendant pour que la conscience humaine émerge et s'éprouve. On ne saurait envisager d'expliquer la conscience en s'ingéniant à éviter une théorie scientifique du tout de l'univers matériel qu'on soit au final matérialiste ou au contraire défenseur d'une immatérialité de la conscience.

Notre schéma précédent ne tranche pas entre matérialisme et immatérialisme de la conscience mais il fait remarquer que dans les deux cas la bulle de conscience où évolue une individualité humaine est la manifestation intérieure du tout de l'univers et donc de l'Etre qui manifeste ce tout. Par ailleurs il met en avant le fait qu'une vacuité de la conscience entoure ce qui s'y manifeste comme conscience humaine. Certains spiritualistes (sans préjuger du matérialisme ou de l'immatérialisme) ainsi qu'on peut le voir dans le bouddhisme ou le tantrisme où des théories atomistes ont été et sont parfois défendues) y voient l'arrière plan de toute la réalité qui imprègne toute la manifestation. Ici il s'agirait plutôt d'un nuage d'inconnaissance qui à l'aide d'un microscope ou d'un télescope s'éclaircit quelque peu pour toujours de nouveau apparaître en arrière plan d'une perception plus ou moins affinée grâce à ces médiations technologiques.

Toutefois du point de vue d'une pratique spirituelle, ce nuage d'inconnaissance est un formidable point d'appui pour douter de ce qui apparaît dans la conscience y compris et surtout de nos identifications mentales psychologiques, sociologiques, culturelles. Car si on ne perd pas de vue cette vacuité, ce nuage d'inconnaissance, il néantise en quelque sorte tout ce qui rend rigide nos identifications. Il est l'état de conscience que la réflexion scientifique touche avant qu'émerge son intuitions créatrices ou révélatrices. Ce nuage d'inconnaissance, cette vacuité ou cette conscience de presque rien (selon l'appellation qu'on trouvera préférable) semble donc fondamental dans notre discussion de la mémétique. Il facilite en effet l'abandon de certains Mèmes pour d'autres, il facilite l'émergence de nouveaux et il permet de choisir des anciens Mèmes contre des nouveaux qui se proposent. Si l'on veut s'aligner avec le dynamisme de l'Etre intérieur qui semble générer notre conscience humaine en chaque instant, prendre conscience de ce nuage d'inconnaissance qui entoure notre bulle de conscience semble fondamental.

Notre bulle de conscience entourée consciemment de ce nuage d'inconnaissance et unie à son dynamisme intérieur qui suscite notre conscience humaine nous plonge comme dans un état de docte ignorance. Notre conscience n'est plus alors seulement celle d'un individu donné, elle n'est plus une conscience séparée des autres consciences individuelles. Dans cette exploration d'elle-même, elle se révéle aussi dans ses dimensions universelle et transcendante. La pensée n'est pas une production individuelle. Elle est une manifestation de cette conscience universelle et transcendante qui se découvre alors par son entremise. Le doigt pointé vers la source de notre regard est bien une forme de pensée symbolique primitive qui nous ramène à cette conscience et à son nuage d'inconnaissance.

La mèmètique est donc pertinente quand elle souligne que nous sommes aussi inconscients que les animaux dont l'existence sert la diffusion de gènes qui leur survivent d'ailleurs : nous sommes des porteurs de Mèmes dont l'existence est portées par nous et cherchent à être portées par d'autres. A un certain niveau quand nous nous croyons les auteurs de nos idées, nous sommes les agents inconscients des Mèmes. La mèmètique reconnaît que l'évolution culturelle nous échappe en quelque sorte, qu'elle est aveugle : par exemple, avec la révolution des moyens de communication par l'informatique, elle agit malgré nous pour constituer un réseau qui en améliore la diffusion planétaire. La mèmètique finit par proclamer dans sa version matérialiste à partir de tels faits le règne aveugle et subconscient de la matière.

Cependant nous suggérons que, si nous nous unisssons à l'Etre de la conscience à travers le nuage d'inconnaissance qui entoure la bulle de conscience humaine, nous ne sommes plus déterminés de l'extérieur mais de l'intérieur : ce qui change le sens de la détermination. Il y a dans ce changement de sens une libération car nous sommes alors en tant que conscience universelle et transcendante auto-déterminés en des Mèmes, des Gènes, etc. Selon qu'on considère telle ou telle échelle de ce que nous sommes, cette détermination reste plus ou moins consciente mais nous sommes libérés radicalement parce que désormais nous nous découvrons être une conscience de l'auto-création de l'Etre qui s'exprime comme notre conscience humaine la plus fondamentale et à la quelle notre conscience humaine dans ses limites participe.

Notre réinterprétation de la mèmètique met en jeu un Mème. Ce Mème est celui d'une évolution consciente de la conscience de l'ETRE à travers la conscience humaine. On peut le schématiser ainsi :

Le quatre quadrants de Ken Wilber apporte selon nous à la mèmètique la dimension intérieure de la conscience que dans sa version la plus étroite elle entend éléminer. Il souligne cette évidence qu'il y a un vécu intérieur irréductible à une démarche matérialiste qui confond trop vite la matière avec une réalité connue objectivement de l'extérieur.

Ces quadrants suggèrent que la mèmètique matérialiste risque de se réduire au quadrant inférieur droit et de réduire ainsi le réel à cette seule dimension. A partir de ce quatre quadrants qui propose une théorie de la connaissance où il s'agit d'expliquer de mieux en mieux par les causes matérielles notre vécu interne et de mieux en mieux comprendre ainsi à partir de notre vécu interne l'univers matériel. Ken Wilber propose ainsi le quatre quadrant suivant où il entend montrer la direction et le sens de l'évolution de l'Etre dans son Devenir :

Ce schéma cependant ne nous donne pas une entière satisfaction du point de vue de ce qui nous paraît le donné premier :

En effet du point de vue de ce fait où la connaissance extérieure objective de l'univers matériel s'inscrit toujours dans un vécu intérieur de la conscience humaine limitée dans son nuage d'inconnaissance ou sa vacuité, le quatre quadrants ne risque-t-il pas de confondre :

1) le quadrant supérieur droit avec le vécu intérieur individuel découvrant les dimensions universelle et transcendante et d'oublier que les quadrants concernant les faits extérieurs objectifs s'inscrivent toujours dans une conscience vécue intérieurement ?

2) une forme de pensée avec l'expérience directe et immédiate de la bulle de conscience où se produit l'évolution des pensées, des contenus émotionnels, pulsionnels et donc des mentalités, des Mèmes.

Considérons le tableau couplant l'évolution des mentalités et des expériences spirituelles issu de notre relecture de douglas Harding :


ainsi que notre proposition d'une évolution des organisations humaines qui s'inscrirait dans cette même direction :

Ce sont bien les mêmes schèmes de pensées qui produisent des régimes politiques et des organisations humaines plus ou moins inhumains car plus ou moins injustes.
Le bien commun dans une organisation d'après notre schéma précédent ne sera préservé dans son entièreté et ouvert à une évolution sans passage forcément par une impasse politique, c'est-à-dire par une crise catastrophique que si au fond une sagesse, une expérience spirituelle de non-dualité l'éclaire.

Les valeurs au service de l'égocentrisme de la conscience humaine sont socialement et politiquement catastrophiques. Mais instruments d'une conscience non-duelle qui ne s'y identifie jamais longtemps égocentriquement au risque de s'opposer au mouvement auto-créateur de l'Etre, ces valeurs serviraient une évolution consciente harmonieuse de notre conscience humaine. En effet cette évolution consciente de la conscience s'appuierait sur elles afin d'en poser d'autres permettant de revenir à elle quand dans sa plénitude elle atteint une nouvelle profondeur et perfection de sa manifestation. La pensée sans la conscience universelle et transcendante devient conflictuelle, elle engendre des guerres entre visions du monde, elle se met à justifier dans les organisations sociales qu'elle structure des dominations injustifiées, etc.

Par exemple, le Mème rouge du point de vue de la spirale dynamique et du mouvement intégral néo-wilbérien est associé à l'égocentrisme, mais aussi plus positivement à la nécessité d'une autorité de l'ego à l'encontre de celle du clan. Mais selon, nous en nous plaçant en première personne, ce Mème a pu selon nous être vécu comme une impulsion de l'Etre à développer un horizon au-delà du clan. Ce Mème serait alors celui d'une chevalerie héroïque qui ne perd jamais de vue l'harmonie première de l'Etre et l'objectif de la paix entre les hommes au nom d'une humanité par-delà les clans.
Autre exemple, notre analyse du totalitarisme est interprétée dans notre tableau d'abord comme une errance de la modernité, une déliaison du Mème moderne d'avec ses Lumières initiales (cf. la spiritualité d'un Voltaire qui puise chez le "Tout en Dieu" de Malebranche ou la lecture répandue à l'époque du sage Spinoza). Notre interprétation du totalitarisme comme d'un dévoiement de la modernité en un sens n'est pas nouvelle : l'univers concentrationnaire n'est-il pas le rejeton d'un univers de pensée privilégiant le quantitatif d'un point de vue égocentrique ? On ne peut pas seulement expliquer ces catastrophes politiques comme le résultat de Mèmes prémodernes agissant au sein d'organisations modernes comme le suggèrent certains intégralistes tels que Steve MacIntosh: les bolcheviques ont modernisé fortement les diverses républiques qui constituaient l'URSS plus que le régime des tsars n'avait su le faire... l'eugénisme nazi a des racines dans la vision moderne de l'évolution des espèces...

Ainsi la mèmètique et les théories développementales s'aveuglent dès lors qu'elles se déconnectent du fait de la conscience en première personne qui englobe et transcende l'ego et les alter ego. Aucune évolution authentique de la conscience ne se produit selon nous en dehors de la dynamique de l'Etre dans la conscience où elle se produit. Les évolutions des formes caractéristiques de la conscience humaine en première personne produisent des effets chaotiques dès lors qu'elles ne sont pas éclairées et renouvelées dans la conscience de l'Etre qui la suscite.

Notre relecture de Douglas Harding se rapproche donc de l'idée de Sri Aurobindo selon laquelle les pratiques spirituelles en leur sens le plus noble et le plus complet sont avant tout des moyens de concentrer l'évolution de la conscience et non pas tant une évolution des idées et des Mèmes qui demeurent comme des traces extérieures relatives du dynamisme créateur de l'Être.

Et quand Ken Wilber nous parle dans le quadrant supérieur droit de symboles, de concepts,..., ou de logique-visionnaire, a-t-il vraiment les moyens de voir en quoi quand ils s'éloignent de l'Être de la conscience qui les génère, ils deviennent dangereux socialement ? Certes on trouve ce type de critique culturelle :



La philosophie intégrale prend le meilleur de :

PREMODERNE
MODERNE
POSTMODERNE
M
O
D
E
R
E
Nombreux niveaux d’existence

origine divine de l’homme

La Grande Chaîne de l’Être
L’apparition de la science

autonomie de l’ego

progrès culturel
Le sens est basé sur le contexte

l’ego humain n’est pas absolu

multiculturalisme

Mais il rejette leur version extrême :

E
X
T
R
E
M
E
conservatisme rigide

systèmes des castes

oppression hiérarchique
Vision du monde du type “plat-pays”
(ex: réductionnisme matérialiste)

hyper-individualisme

Euro-centrisme
relativisme culturel


“Mort de l’auteur”


Acharnement contre l’Occident


Mais une telle critique ne prépare-t-elle pas au fond la suprématie du Mème intégral attaché à la logique visionnaire qui intègre ces différentes mentalités sans en prendre les défauts c'est-à-dire les rejets réciproques ?

Cependant la logique-visionnaire dont l'origine se rattache à Hegel, selon Ken Wilber lui-même, est-elle indemne de soupçons dans la formation des totalitarismes du XXeme siècle ? Il ne suffit pas de dire que cette logique-visionnaire ne doit pas être fermée intellectuellement pour lui éviter cette dégénerescence. Dès lors qu'une telle logique-visionnaire donne à celui qui la pratique en première personne d'être évolué plus que tout autre et qu'il revendique le pouvoir politique ne s'approche-t-il pas d'une telle tentation ? Ken Wilber souligne la faiblesse du quadrant supérieur gauche dans l'idéalisme allemand. Toutefois même si une telle pensée intégrale se constitue pour éviter des totalitarismes d'Etat, pourra-t-elle s'empêcher de servir des totalitarismes entreprenariaux avec leur priorité financière, leur propagande, leurs organisations dictatoriales où des hiérarques des ressources humaines évincent les personnels les plus couteux, etc. ? L'holacratie dont le mouvement intégral néo-wilbérien revendique la direction est-elle indemne de ces dérives ? On aime dans le mouvement intégral néo-wilbérien à s'en prendre aux sectes dirigés par des faux gourous ou des éveillés à l'éthique discutable mais certaines entreprises qui ont des agissements similaires et font un usage du coaching qui rappellent celui des spiritualités sectaires n'ont-elles pas davantage de responsabilité dans le caractère catastrophique de la crise évolutive en cours ? Qui a remarqué que le PDG de Renaut se disant un admirateur du bouddhisme et confiant sa pratique de la méditation a laissé s'instaurer des pratiques manageriales qui ont conduit à des suicides en série parmi les chargés de conception de nouveaux véhicules ? Les sectes elles-mêmes et leurs gourous ne se comportent-ils pas en entreprise et en chef d'entreprise dans leurs pires déviances : manipulations, exploitations, etc. ? Nos démocraties butent devant cette réalité de petits totalitarismes éclatés à l'inhumanité discrète qui sont sans doute aujourd'hui la source la plus formidable de chaos social et environnemental. Les organisations étatiques elles-mêmes semblent malheureusement prendre le chemin de cette inhumanité discrète : ne faut-il pas parfois attendre plus de cinq heures dans un bureau de l'antenne de la préfecture de police de Paris avec un enfant en bas âge pour déposer son dossier de demande de papiers d'identité ? N'hésite-on pas à mettre en garde des vue des enfants pour des prétextes dignes de ceux qu'évoquait Victor Hugo au XIXeme siècle ? C'est précisément cette génération d'enfants qui subit sans doute plus que d'autres générations le chaos psychique que cette société postmoderne a généré que ce soit dans la sphère intime ou publique. Mais au chaos social visible dès maintenant, qu'en sera-til au plan sanitaire et environnemental des pollutions chimiques, magnétiques, etc. que cette génération subit aussi plus qu'aucune autre !! Nous sommes au temps de l'inhumanité discrète, des totalitarismes éclatés où personne ne semble physiquement directement éliminé mais où au fond tout le monde est psychiquement destructuré et physiquement menacé dans son intégrité. Il y a une banalité discrète du mal. Personne n'est le responsable. Ce n'est pas cependant un totalitarisme intégral car il y a un espace qui demeure pour la révolte. Mais ce révolté par son agressivité bestiale ne fait guère mieux que de surenchérir à cette inhumanité et en retour pour se protéger la société décrète des mesures qui contribueront davantage à l''inhumanité discrète. Faut-il encore accuser le système capitaliste comme les altermondialistes d'extrême gauche ? Là encore ce serait manquer la déliaison entre les Mèmes postmodernes et la conscience qui génèrent ce que nous appelons une forme de totalitarisme éclaté à l'inhumanité discrète. C'est là une appellation pompeuse qui en masque les racines. Ne suffit-il pas pour comprendre de voir en conscience que notre réalité socio-politique exprime le règne d'une tyrannie de la majorité d'egos fascinés par la bestialité pulsionnelle de la reconnaissance, de la richesse et de la puissance sexuelle ?

Quand nous parlons de concentration de l'évolution de l'Etre, il ne s'agit pas tant d'accélérer, le passage à une évolution consciente de la conscience, c'est-à-dire encore une fois de tirer malencontreusement sur la barbe du bon Dieu au nom de notre génie intellectuel ou spirituel mais de ici et maintenant s'y laisser tant que possible humblement ouvert. Car au final c'est toujours l'Etre qui fait le travail spirituel malgré nous et qui au fond pratique ce qui concentre le regard qu'il porte sur lui-même à travers notre conscience humaine. Nos pratiques et nos exercices qui sont l'expression la plus élevées des Mèmes au service de l'évolution de l'Etre, selon notre réinterprétation, ont pour but de garer le petit moi dans le feu de son coeur à la croisée de l'Etre et du Devenir où cela s'individualise. Résister au grand flux de l'Etre qui ordonne le Devenir ou prétendre s'en emparer revient toujours à s'égarer...

Et même si collectivement la catastrophe était inévitable pour accomplir le saut évolutif que nous esquissons ici du point de vue spirituel, social et politique, demeurer uni dans notre volonté à l'Etre reste le meilleur moyen de servir ce qui paraît à notre niveau comme son tatonnemement auto-créateur au milieu du nuage d'inconnaissance qui nous le masque et nous le découvre.

vendredi 3 juillet 2009

VISION SANS TETE ET MOUVEMENT INTEGRAL : OU SITUER LA VISION SANS TETE DANS L'EVOLUTION DES MENTALITES ? EPISODE 2.


Douglas Harding a-t-il une pertinence dans l'approche intégrale dont Ken Wilber est le penseur le plus en vue ? Quand on vit la Vision sans tête proposée par Douglas Harding, ce questionnement représente surement beaucoup de blabla inutile : il s'agit davantage de voir plus que de penser.


Donc pour aller vite, du point de vue de la Vision sans tête, le "JE" en qui tout est vu, senti, conscient y compris la vacuité qui le compose reste PREMIER dans sa simplicité directe par delà tout blabla. Car après tout c'est dans la fluidité de la source "JE" que toute évolution authentique de l’univers prend sa source. Parfois je remarque que JE SUIS la source ne peut pas s’oublier soi-même en arrière plan quand moi le petit il me semble l’avoir oublié. C’est JE SUIS qui toujours se rappelle à lui-même, il est l’origine et le fond des formes quelles qu’elles soient y compris celles en moi qui me ramène à lui. Partant de là, le JE SUIS ne me semble pas un simple quadrant d’un quatre quadrants en évolution mais son centre source et sa manifestation toute entière.


Par exemple les quadrants droits ne supposent-ils pas une objectivité fondé en dernier ressort sur une manifestation de JE SUIS, l'unique authentique première personne ?




Mais s’il me faut m’adresser à un wilbérien, je devrais être bien plus nuancé (c’est-à-dire blablater davantage pour partager au final ce qui se voit simplement par delà la pensée et que Wilber sait voir).
Si je comprends bien le point de vue de Wilber dans Integral Spirituality, je pense que dans le quadrant le « JE SUIS » (I) (sup gche) n'est pas autre que le « NOUS », le « TU ES» (WE) (inf gche), le « IL EST » ou « CELA » (IT) (sup dt) et le « CE SONT » (ITS) (inf dt). Si chacun de ces noms a pour Wilber une résonance spirituelle, c’est parce que ce sont des points de vue d'une seule et même réalité même si partant de l'un, ils s'éclairent l'un l'autre différemment. De son point de vue, Tout est JE. Mais en rester là c'est manquer la dimension collective du JE aperçu avec son TU ainsi que sa substance matérielle (CELA) et ses formes organisées LE MULTIPLE (CE SONT).


Au fond je crois voir là une espèce de parallélisme de la matière et de l'esprit à la Spinoza renouvelé par les données de l'évolution matérielle et biologique ou par une tentative d'élaborer du point de vue historique et sociologique un évolutionnisme des mentalités. Pour lui matière et esprit sont irréductibles. Par exemple, dès la période des Trois yeux de la connaissance, Wilber avait critiqué ceux qui ramenaient trop facilement la conscience à la réalité quantique, la vacuité de la conscience au vide quantique. Douglas est-il ici critiqué du point de vue de Wilber ? Wilber s'appuie sur les traditions spirituelles pour mettre en cause ce point de vue en arguant que le corps subtil (pour aller vite : éther, air, feu, eau) est précisément un pont entre la vacuité et la matière grossière (terre). La mécanique quantique décrit cette matière grossière et même si elle est à l’image de la vacuité spirituelle alocale, acausale, etc. cela n’autorise pas selon lui à confondre vide quantique et vacuité.
Ceci mènera dans son livre Integral Spirituality à son perspectivisme : on peut aussi parler du JE SUIS à partir du point de vue TU ou du point de vue CELA. Et quand on parle du JE SUIS, il faut selon lui remarquer que le vécu du JE SUIS s’inscrit forcément dans un comportement et un discours relatif à ce vécu. Il distingue donc le propos herméneutique et phénoménologique sur le JE SUIS du vécu JE SUIS en montrant que cette distinction est en un sens impossible. Ainsi le vécu JE SUIS s’inscrit toujours dans une culture donnée. Pour Wilber il n’y a donc pas un seul vécu JE SUIS. Il y a autant de vécu JE SUIS que de cultures dans laquelle il est vécu. Ceci induit son Wilber-Combs lattice où les expériences spirituelles du JE SUIS s’inscrivent dans des niveaux de mentalités divers mais hiérarchisés.
Pour bien répondre à Wilber, il me paraît nécessaire de montrer que ce que la Vision sans tête nous permet de vivre en terme de JE SUIS :
1) est forcément implicitement à la pointe de l’évolution des mentalités que les intégralistes comme Wilber décrivent.

J’ai esquissé dans l'épisode 1 les raisons de penser que Douglas parcourt toutes ces mentalités lorsqu'il nous initie à la vision sans tête. J’ai ci-dessous esquissé un autre projet de présentation plus rapidement saisissable et qui en outre montre à chaque fois comment la pratique de la vision sans tête se rapproche d'une non dualité parfaite ( note : on notera que j'ai modifié certains noms mais j'espère que le lien sera explicite avec ceux de la grille précédente me référant davantage aux types de collectif qu'à leur mode de pensée ; ceux qui connaissent ce blog savent que ces modifications de nom impliquent un compromis avec ma réinterprétation des mèmes prémodernes et surtout des mèmes rouge et bleu ; par ailleurs) :

(cliquez sur le dessin pour le voir nettement)

A partir de là, je pense pouvoir réinterpréter vraiment les quatre quadrant de Wilber dans l'optique de la Vision sans tête :

(cliquer sur le dessin pour le voir plus en détail)

Sur le quadrant inférieur droit, on trouve chez Douglas des éléments qui dessinent une réalité politique qui vont d'après moi en ce sens (ce sera l'objet d'un autre post de montrer que l'évolution ici esquissée n'est pas étrangère à la philosophie de Douglas).

L'intérêt de cette réinterprétation de la Vision sans tête dans le cadre de l'approche wilbérienne est qu'elle peut nous apprendre des choses sur la maturité culturelle qui pourrait en faciliter le partage et qui suggérerait de participer à faire de la Vision sans tête un critère répandu de qualité humaine appréciable socialement. Cependant si notre idée qu'il y a un principe d'individualisation ( une dimension âme de JE SUIS comme il y a des dimensions universelle immanente ou transcendante parfaitement unie en lui) n'est pas erronée alors cette approche de la maturité culturelle et spirituelle ne pourra pas rendre compte intégralement de l'évolution de la conscience. Une telle impulsion évolutive ne peut pas être restreinte au domaine de la pensée ;
2) car au fond JE SUIS échappe bien à toute culture mentale, émotionnelle et physique même si sans cesse JE SUIS qui n’est pas de ce monde individualise et fait évoluer des personnes au-delà de leurs identifications jusque là déterminées par leur vie dans le monde (ceci était au cœur de notre Episode 1) ;

Mais pour vraiment dépasser dans la Vision la pensée même intégrale comme celle de Wilber, il nous faut surtout reconnaître le mystère auto-créateur par JE SUIS, avec JE SUIS et en JE SUIS :

1) c’est-à-dire reconnaître émerveillé que « JE » englobe le quatre quadrant même si cela reste mystérieux à travers le filtre de la conscience humaine et que JE SUIS la source mystérieuse dépasse tout perspectivisme au sens d’un parallélisme multidimensionnel puisqu’il est la conscience qui manifeste l’univers de la conscience humaine bien que voyant cette double génération du monde et de la conscience humaine encore à travers cette dernière ;



2) c’est-à-dire réaliser que « TOUT est CONSCIENCE » y compris la matière même si cela échappe au filtre humain usuel de la conscience.

Le quatre quadrants de Wilber pour qu'il soit cohérent dans son perspectivisme, c’est-à-dire dans ses parallélismes entre matérialité objective et vécus intérieurs subjectifs d'une part, systèmes, structures et niveaux d’échanges intersubjectifs d'autre part, n'est pas celui d’un monde euclidien où les parallèles ne se rencontrent jamais. Les quadrants de Wilber sont des miroirs qui se reflètent l’un l’autre chacun dans sa propre perspective, mais s’éclairent-ils l’un l’autre à l’infini ? Nous tombons sur une inconnaissance que Wilber n’envisage peut-être pas assez. La Vision sans tête est une docte ignorance qui se reconnaît ironiquement dans sa vacuité face au jeu impossible de la représentation de Soi se représentant dans la forme (le dessin de François Matton ci-dessous)…


Or cette docte ignorance de JE SUIS n’est-elle pas l’appel et l’ouverture à sa propre auto-création ? Puis-je être authentiquement créateur si en JE SUIS subsiste une certitude qui affirme telle ou telle impossibilité définitive ?


Au final, faire la volonté créatrice de ce que JE SUIS n'est-ce pas s'abandonner et se consacrer à cet au-delà au-delà de TOUT mystérieux que JE SUIS ?