Tout autour de nous, il y a des convergences des lignes remarquables :
La plus courantes de ces convergences qu'il nous est donné de constater est celle qui concerne les points de fuite à l'horizon.
Nous pouvons nous étonner du fait que là-bas toutes les lignes convergent mais plus encore du fait qu'ici du côté du regard, il y ait une divergence à l'infini. L'infini semble ici dans le regard tout autant sinon plus que dans la chose regardée.
Regardons un peu celui qui regarde cet horizon :
En effet quand je regarde les autres tenter d'embrasser l'horizon je vois plutôt des bras ouverts n'embrassant qu'une petite fraction de cet horizon...
Mais c'est surtout du côté des verticales que le choc de l'exploration d'une vision en première personne est remarquable.
On nous a sans cesse expliqué ainsi la perspective :Et à l'intérieur d'une pièce nous voyons pour beaucoup, semble-t-il, les arrêtes verticales bien parallèles :
Tous les reflets qui prolongent bâtiments et lampadaires semblent sur cette photo attester le parallélisme des verticales. |
Pour nous en assurer suivons l'expérience proposée par Douglas Harding dans Être et ne pas être, Almora, 2008, p.166 :
"Fermant un œil et pivotant légèrement sur moi-même, je prolonge vers le bas toutes les lignes verticales que je vois. En me servant de la tranche de ce livre, ou mieux encore d'une règle ou d'un bâton (comme l’indique le [deuxième] dessin [ci-dessous]), je prolonge par exemple les lignes des coins de la pièce, des montants des portes, des cadres des fenêtres, etc. Et je découvre que toutes ces lignes soi-disant droites et parallèles convergent sur moi et se rejoignent dans la région de mon cœur.
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais on m'a enseigné à l'école que les lignes parallèles convergent à l'Infini. Ils avaient raison ! Je suis cet Infini ! […]
Pour vérifier, désignons ce lieu, ce centre supermagnétique qui attire en lui toutes ces lignes verticales, et voyez qu'il explose à l'infini, éternellement."
Les reflets lumineux prolongent les verticales et montrent leur convergence vers le bas de notre champ de vision là où on situe le cœur spirituel usuellement. |
Citons à la suite de Douglas Harding ce passage étonnant de Dostoïevski dans les Frères Karamazov :
« (…) si Dieu existe et s’il a vraiment créé la terre, alors, comme nous le savons positivement, il l’a faite selon la géométrie euclidienne et a créé le cerveau humain avec la seule notion des trois dimensions de l’espace. Cependant il s’est trouvé et il se trouve encore des géomètres et des philosophes, même parmi les plus éminents, pour douter que tout l’univers ou, dans un sens encore plus vaste, toute existence n’ait été créée que selon la géométrie euclidienne, ils osent même rêver que deux lignes parallèles qui, d’après Euclide, ne peuvent jamais se rencontrer sur terre, pourraient se rencontrer quelque part dans l’infini... J'ai une conviction enfantine que les souffrances du monde seront adoucies et guéries, que toute la comédie choquante des contradictions humaines disparaîtra comme un mirage pitoyable, un vil produit de l'esprit Euclidien de l'homme... Et que, à la finale du monde, quelque chose de si précieux sera révélé que tous les cœurs seront comblés... Puissent les lignes parallèles se rejoindre sous mes propres yeux. », Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1860)
Cette prière n'est-elle pas réalisable grâce à ce que nous venons de découvrir ?
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