Le premier type met en jeu le processus évolutif de l'univers. Pour Dawkins cela relève bien évidemment du hasard et de la nécessité. Mais il est vrai que la démonstration traditionnelle de cette preuve reste liée à Aristote : il faut une cause ultime qui soit un moteur immobile pour que le mouvement de l'univers persiste nécessairement. Cette preuve a plusieurs défauts :
1 - chez Aristote, elle présuppose qu'on ne peut pas imaginer une chaîne de cause à l'infini. Si on ne présuppose pas une cause première cette chaîne de cause même infinie ne pourrait pas se mettre en route. Comme si il ne pouvait pas exister une boucle où l'univers se recyclerait en lui-même pour mener à bien son processus.
2 - cette preuve suppose qu'on ne puisse pas concevoir le temps et la mobilité qu'en dehors d'une atemporalité et une immobilité. Pourtant au cinéma les images de chaque instant du film existent en un sens simultanément, le cinéma est lié à l'idée qu'un regard qui se focalise sur telle image puis sur telle autre a une impression de temps continu où les images forment un processus événementiel.
3 - cette preuve pense bien sûr qu'il y a une finalité or précisément le jeu du hasard et de la nécessité ne permettrait-il pas de rendre compte du fonctionnement de l'univers. Ses lois sont le lit d'un fleuve que le hasard a creusé dans ses énergies-espaces-temps multidimensionnels et qu'il ne cesse d'affiner et de transformer jusqu'à son éventuelle dissolution. D'ailleurs cette preuve du divin finit par entrer en opposition avec des spiritualités ou des religions qui estiment que l'univers est une illusion dont la découverte de l'absolu nous détache.
Le deuxième type de preuves va s'appuyer sur la déficience de toute preuve métaphysique. Si une suprême conscience ou une forme d'absolu existe et qu'elle ne se révèle pas à nous ou qu'elle est possible à imaginer mais non nécessaire en apparence, n'est-ce pas parce qu'elle met au défi notre choix de la rechercher individuellement et non pas intellectuellement et scientifiquement ? A supposé que cette évolution, le processus d'énergies-espaces-temps de l'univers ait un sens ou du moins que nos existences individuelles doivent prendre une orientation, qu'est-ce cela impliquerait sinon d'orienter notre action ? Tout le pari devient de savoir si çà vaut le coup d'explorer les religions et d'aller à la rencontre de maîtres spirituels ou d'autres chercheurs spirituels qui témoignent d'un sens de la vie. Blaise Pascal dans le cadre d'une invitation à la pratique du catholicisme évoque un tel pari où nous n'engageons que notre existence misérable si on y réfléchit bien contre l'espoir d'une révélation qui nous en libère. Si ce pari est un échec qu'aurons-nous perdu à vrai dire ?
Le présupposé du pari pascalien élargi à la décision d'explorer religions et spiritualités est que toutefois la condition d'un homme sans religion et sans spiritualité est misérable. En quoi une vie consacrée à la recherche scientifique serait-elle misérable ? Pour Pascal, la science est inutile car elle ne résout aucun problème existentiel majeur : la mort, le sens de la vie. La science est très souvent un divertissement pour ne pas affronter l'impossibilité de vivre seul avec soi-même. La science est liée à une curiosité et à une défiance vis-à-vis de tout ce qui témoigne de faits irrationnels. Que nous sert de savoir l'âge de l'univers et le fait que nous descendons d'un primate à l'heure où notre planète aura 10 milliards d'habitants dans des conditions écologiques de moins en moins favorables à leur survie ? La science prétend nous sauver mais elle a davantage créer des moyens de nous détruire et de nous polluer que des moyens de vaincre la mort. Les choses qu'elle a produits et produit de plus positifs ne sont-ils pas des divertissements ? Bien sûr la médecine a fait reculer en moyenne la date de la mort mais a-t-elle mis fin à la mort ? D'ailleurs si elle parvenait à régénérer nos des organes voire à donner à nos cerveaux les moyens de perdurer, la mort serait-elle vaincue ? Une catastrophe naturelle (un trou noir, la dissipation irréversible de l'énergie thermodynamique) ou technologique (une guerre bactériologique ou thermonucléaire), un accident ou une panne ne finiraient-elles pas par nous emporter ?
A vrai dire l'athée ne voit pas en quoi la religion et la spiritualité ne seraient pas au final des divertissements plus malsains que la science ? Il suffit de regarder l'histoire passée et les actualités pour voir que les religions ont fait bien plus de victimes que les sciences. L'athée ne craint pas la mort, une fois mort il sera toujours temps de réviser ses conceptions si il y a quelque belle proposition qui se présente. Mais ce que aujour'hui les religions présentent pour leur propagande est-il attirant ?
Si un dieu apparaît et ose condamner un athée qui s'est bien conduit envers ses frères humains mais n'a pas cru bon de croire en lui, l'athée aura-t-il du regret de ne pas avoir cru en lui ? Pourtant il s'agit bien de cela dans la version de Pascal. Un tel Dieu ne mérite-t-il pas le mépris ? et il n'y a rien il n'a pas besoin de se faire disciple du sens, il peut courageusement s'en donner un.
D'ailleurs si nous sommes des êtres de hasard et de nécessité, ne sommes-nous pas vraiment libre de quoi que ce soit et de qui que ce soit ? Cette liberté peut bien sûr nous amener à disparaître précipitamment mais elle nous permet peut-être de participer de plus consciemment à notre évolution puisque par le jeu du hasard et de la nécessité nous sommes des êtres capables d'intervenir sur ce jeu. Pourquoi renoncer à cette liberté en nous soumettant à un ordre des choses imposés par d'autres voulant imposer par la force ou la propagande leur façon de voir religieuse ou spirituelle ? Ne valons-nous pas mieux que cela en acceptant que rien n'est écrit d'avance, qu'au contraire nous sommes ceux qui écrivons notre histoire ? C'est une telle spiritualité athée et matérialiste qu'il nous faut développer qui elle seule intègre vraiment les données de la science et ne la réduit pas à un divertissement. Assumer notre liberté n'est-ce pas assumer notre solitude, notre angoisse face à elle et notre ennui face à ce qui ne la comble pas en terme de projet créateur ? L'athée n'est-il pas celui qui assume sa misère existentielle dans la mesure où il n'use pas d'un bouche trou psychologique qui lui permettra de ne pas assumer la valeur positive de cette misère à savoir notre seule liberté ?
Le troisième type de preuve est celui qu'on nomme l'argument ontologique. On le résume souvent en disant pense à un être qui aurait des perfections infinies. Parmi ses perfections, il aurait celle d'une existence absolue. Son essence est donc pensable de façon cohérente et elle implique son existence. Ne faut-il pas en conclure qu'un tel être existe obligatoirement ? A vrai dire en l'état cet argument a peu d'intérêt : la cohérence d'une pensée n'implique aucunement son existence et l'existence pensée comment pourrait-elle justifier une existence réelle ?
Descartes propose cependant une version plus élaborée et plus embarrassante de cet argument : il nous invite à penser à l'infini et à constater que cette idée déborde notre pensée.
On pourrait essayer de symboliser l'expérience de pensée que nous propose Descartes comme ceci :
D'ailleurs si nous sommes des êtres de hasard et de nécessité, ne sommes-nous pas vraiment libre de quoi que ce soit et de qui que ce soit ? Cette liberté peut bien sûr nous amener à disparaître précipitamment mais elle nous permet peut-être de participer de plus consciemment à notre évolution puisque par le jeu du hasard et de la nécessité nous sommes des êtres capables d'intervenir sur ce jeu. Pourquoi renoncer à cette liberté en nous soumettant à un ordre des choses imposés par d'autres voulant imposer par la force ou la propagande leur façon de voir religieuse ou spirituelle ? Ne valons-nous pas mieux que cela en acceptant que rien n'est écrit d'avance, qu'au contraire nous sommes ceux qui écrivons notre histoire ? C'est une telle spiritualité athée et matérialiste qu'il nous faut développer qui elle seule intègre vraiment les données de la science et ne la réduit pas à un divertissement. Assumer notre liberté n'est-ce pas assumer notre solitude, notre angoisse face à elle et notre ennui face à ce qui ne la comble pas en terme de projet créateur ? L'athée n'est-il pas celui qui assume sa misère existentielle dans la mesure où il n'use pas d'un bouche trou psychologique qui lui permettra de ne pas assumer la valeur positive de cette misère à savoir notre seule liberté ?
Le troisième type de preuve est celui qu'on nomme l'argument ontologique. On le résume souvent en disant pense à un être qui aurait des perfections infinies. Parmi ses perfections, il aurait celle d'une existence absolue. Son essence est donc pensable de façon cohérente et elle implique son existence. Ne faut-il pas en conclure qu'un tel être existe obligatoirement ? A vrai dire en l'état cet argument a peu d'intérêt : la cohérence d'une pensée n'implique aucunement son existence et l'existence pensée comment pourrait-elle justifier une existence réelle ?
Descartes propose cependant une version plus élaborée et plus embarrassante de cet argument : il nous invite à penser à l'infini et à constater que cette idée déborde notre pensée.
On pourrait essayer de symboliser l'expérience de pensée que nous propose Descartes comme ceci :
Ce dernier dessin pose problème. Si l'infini déborde notre pensée alors ne devrait-il pas quand on fait grandir à l'infini une boule dans notre conscience englober aussi la conscience du penseur ? Comment peut-on laisser le penseur à côté d'une tentative d'idée d'infini ?
Descartes ne parle pas de cet englobement du je suis par l'idée de l'infini. Il insiste pour dire que l'ego cogito est transcendé par une telle idée et qu'on peut à partir d'une telle transcendance sur le plan mental envisager une transcendance qui transcende même l'idée mentale d'infini. Cet au-delà au-delà de tout qu'on peut approcher par l'idée d'infini qu'il a mis en nous est Dieu.
Prenons au sérieux cet englobement du je suis de l'ego d'une pensée pure par l'infini. Comment traduire cela visuellement ? Un exercice spirituel de Douglas Edison Harding m'inspire cette solution :
Descartes ne parle pas de cet englobement du je suis par l'idée de l'infini. Il insiste pour dire que l'ego cogito est transcendé par une telle idée et qu'on peut à partir d'une telle transcendance sur le plan mental envisager une transcendance qui transcende même l'idée mentale d'infini. Cet au-delà au-delà de tout qu'on peut approcher par l'idée d'infini qu'il a mis en nous est Dieu.
Prenons au sérieux cet englobement du je suis de l'ego d'une pensée pure par l'infini. Comment traduire cela visuellement ? Un exercice spirituel de Douglas Edison Harding m'inspire cette solution :
En continuant à englober de ce symbole infini le champ de vision, on constate que les deux cercles de l'infini (00) s'estompent pour devenir un seul champ de vison. On découvre les limites du champ du vision et le sens de l'ego qui le regarde se tient sur son bord.
Mais dès lors dans cette expérience de l'infini, le je suis limité de l'ego ne s'identifie-t-il pas à un Je suis tout ce qui est conscient ici. Ce je suis tout n'inclut-il pas ce je suis individualisé qui a dirigé l'expérience mais aussi un presque rien de conscience qui entoure le champ de conscience et l’imprègne ? C'est ce presque rien de conscience d'où émerge le je suis individuel et universel à la fois puisque ce Je suis se fait ce moi particulier compris dans le tout qui apparaît.
Dans ce schéma de Douglas Edison Harding semble manquer encore l'idée de Descartes relativement légitime d'un au-delà du monde de la pensée humaine. La conscience mentale qui ici englobe par sa conscience le tout et le soi et expérimente le rien qui s'appose partout en elle doit pouvoir percevoir la possibilité d'une conscience plus élevée qu'elle et radicalement autre. Il suffit de rappeler que la conscience qui se manifeste à travers la conscience mentale humaine comprend aussi toutes les formes de conscience qui la précèdent telles la conscience émotionnelle (chez les grands mammifères), la conscience sensorimotrice (animale), etc. sans que les consciences qu'elle comprend ne puisse la concevoir avant qu'elle ne se développe. Un moustique, que comprend-il d'une conscience humaine tandis que la conscience humaine comprend de plus en plus le monde de la conscience du moustique. La chauve-souris perçoit le monde par des sens que nous n'avons pas mais ne sommes-nous pas capable grâce à notre technologie de traduire cette perception visuellement (le radar et le sonar) ? Et si vraiment il y a un vécu de la chauve-souris qui nous est inaccessible subjectivement alors n'avons-nous pas raison de suivre Descartes avec sa notion de transcendance englobant de tout ce qui est par-delà notre conscience mentale ? Au final nous proposons de rendre compte ainsi de l'argument ontologique revisité par nos soins :
A vrai dire nous voilà capable d'assumer nos responsabilités dans cette réalité auto-créatrice dont nous sommes un vecteur d'individualisation. Nous sommes un peu athée au sens où personne n'a quoi que ce soit à nous révéler d'autre car au cœur le plus profond de nous-même nous sommes le processus d'auto-création qui révèle tout ce qui est. Nous sommes le hasard et la nécessité vécus de l'intérieur. Depuis cet intérieur, depuis la transcendance de la transcendance, il n'y a plus de hasard puisque tous les hasards sont vécus consciemment comme des expressions d'une unique liberté créatrice.
L'argument ontologique revisité par nos soins à l'aide de Douglas Harding transcende le conflit entre science et religion :
C'est bien nous-même la seule autorité spirituelle quand nous nous retournons à l'intérieur et quand nous cessons de concevoir ce que nous sommes, ce que l'univers est et ce que le divin pourrait être de l'extérieur.
POUR PROLONGER LA REFLEXION sur la spiritualité et l'infini :
1 commentaire:
Salut Serge,
J'explorais des blogs au hasard lorsque je suis "tombé" sur ton nom. Alors je me suis souvenu de cet ami Français qui lit du Sri Aurobindo. Je veux juste te saluer.
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