Wikipedia définit ainsi les Mèmes :
"Un
mème (de l'anglais
meme ainsi que du français
même) est un élément culturel reconnaissable (par exemple : un concept, une habitude, une information, un phénomène, une attitude, etc.), répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. L'
Oxford English Dictionary définit le
mème comme « un élément d'une culture pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation »
[1].
Le terme de
mème a été proposé pour la première fois par
Richard Dawkins dans
Le Gène égoïste (
1976) et provient d'une association entre
gène et
mimesis (du grec « imitation »), en même temps qu'un jeu de mot sur le mot français « même ». Les mèmes ont été présentés par Dawkins comme des
réplicateurs, comparables à ce titre aux gènes, mais responsables de l'évolution de certains comportements animaux et des
cultures."
Les Mèmes permettent donc de penser une évolution des cultures d'une manière semblable à l'évolution biologiques. Le jeu du hasard et de la nécessité modifie les gènes et sélectionne les plus aptes dans un milieu naturel donné. Dans le cas des Mèmes, on perçoit moins bien où pourrait se jouer le jeu du hasard et de la nécessité. Les neurobiologistes situent ce jeu au sein des connexions cérébrales. Le jeu du hasard et de la nécessité des connexions cérébrales produirait face à des situations nouvelles, des bouleversements du milieu culturel et/ou naturel ce qui s'avérera de nouveaux mèmes qui parfois en cas de crise majeure produiront une évolution significative des mentalités et du rapport culturel au milieu naturel.
Cependant ce schéma ne rend pas compte tout à fait de l'intervention de la conscience dans la formation des Mèmes.
Si ceux-ci étaient seulement générés par une réaction à des conditions psychologiques, sociales, naturelles, etc., on ne pourrait expliquer la recherche scientifique qui semble liée à un intérêt souvent lointain par rapport à des résultats pratiques immédiats. Car la pratique scientifique met en jeu une crise culturelle virtuelle intentionnelle absolument sans rapport avec une situation de crise réelle (sociale ou environnementale). Les grands scientifiques témoignent d'une mise en question des Mèmes de leur culture sans autre souci que la connaissance plus juste du réel. Cette mise en question ignore souvent sur quoi elle débouchera. Darwin lui-même dira qu'avec la théorie de l'évolution il avait le sentiment de devoir comme confesser un meurtre. Il était conscient au moins partiellement de la crise culturelle que générerait sa théorie scientifique mais en tant que telle sa théorie est plutôt une prise de conscience du réel qu'une réponse à une situation environnementale.
Par ailleurs, si on admet que les Mèmes sont des réplicateurs sans conscience, on aura de forte difficulté à expliquer les luttes politiques du XXe voire de notre XXIe siècle entre Mèmes totalitaires et Mèmes démocratiques. Plus généralement, on ne pourrait pas rendre compte de la résistance à certains Mèmes voire des abandons de nouveaux Mèmes pour revenir à d'anciens du point de vue d'un vécu intérieur qui se ressent comme une libération de conscience.
Si on considère la crise écologique en cours, elle met en jeu des conflits mèmètiques entre des Mèmes confiants en un progrès technoscientifique qui apportera des solutions adaptées et des Mèmes qui considèrent qu'il y a là une crise de la conscience mentale elle-même. La mèmètique reste une pensée de la circulation de la pensée : un Mème affirmant que la crise écologique, morale, spirituelle, etc. a pour source les limites inhérentes à le pensée pointe au fond un en-dehors de la pensée. Ce Mème n'est donc pas celui d'un scepticisme intellectuel sous une nouvelle forme. Le scepticisme intellectuel est d'ailleurs pratiqué méthodologiquement par les scientifiques pour esquisser une meilleure connaissance du réel et le Mème que nous diffusons malgré nous parmi d'autres affirme les limites de la pensée y compris scientifique pour relever le défi de la crise en cours. Notre Mème met en avant l'être de la bulle de conscience où maintenant nous nous tenons.
Faisons un brin de science fiction et otons notre cerveau de notre tête, n'apparaît-il pas dans cette bulle de conscience comme un objet ? Si notre conscience est générée par ce cerveau, elle n'est pas à considérer comme un produit qu'on pourrait seulement expliquer en observant ce cerveau de l'extérieur, il faut absolument l'expliquer ou du moins la comprendre en quelque sorte de l'intérieur.
Or par définition le scientifique n'est-il pas celui qui part d'une observation extérieure même si par des procédés elle s'assure de son objectivité ? Selon nous affirmer que le point de vue objectif extérieur explique le point de vue intérieur revient à nier la donnée première du vécu intérieur.
En observant les échelles de la réalité révélées par les sciences, il apparaît que la conscience humaine vécue intérieurement semble surgir de l'Etre intérieur qui anime la constitution des échelles macroscopiques et microscopiques. On ne saurait limiter le surgissement de la zone de conscience humaine à une activité de la seule échelle cellulaire. Des thèses hétérodoxes estiment que la conscience est une dimension de la réalité qui existe en dehors de la matière et qui utilise des phénomènes quantiques ou chaotiques pour s'exprimer. Mais ce que notre présentation des échelles de la réalité telle que la science les représente veut mettre en avant est la profonde interdépendance de toute la réalité matérielle et son caractère nécessaire en que tout interdépendant pour que la conscience humaine émerge et s'éprouve. On ne saurait envisager d'expliquer la conscience en s'ingéniant à éviter une théorie scientifique du tout de l'univers matériel qu'on soit au final matérialiste ou au contraire défenseur d'une immatérialité de la conscience.
Notre schéma précédent ne tranche pas entre matérialisme et immatérialisme de la conscience mais il fait remarquer que dans les deux cas la bulle de conscience où évolue une individualité humaine est la manifestation intérieure du tout de l'univers et donc de l'Etre qui manifeste ce tout. Par ailleurs il met en avant le fait qu'une vacuité de la conscience entoure ce qui s'y manifeste comme conscience humaine. Certains spiritualistes (sans préjuger du matérialisme ou de l'immatérialisme) ainsi qu'on peut le voir dans le bouddhisme ou le tantrisme où des théories atomistes ont été et sont parfois défendues) y voient l'arrière plan de toute la réalité qui imprègne toute la manifestation. Ici il s'agirait plutôt d'un nuage d'inconnaissance qui à l'aide d'un microscope ou d'un télescope s'éclaircit quelque peu pour toujours de nouveau apparaître en arrière plan d'une perception plus ou moins affinée grâce à ces médiations technologiques.
Toutefois du point de vue d'une pratique spirituelle, ce nuage d'inconnaissance est un formidable point d'appui pour douter de ce qui apparaît dans la conscience y compris et surtout de nos identifications mentales psychologiques, sociologiques, culturelles. Car si on ne perd pas de vue cette vacuité, ce nuage d'inconnaissance, il néantise en quelque sorte tout ce qui rend rigide nos identifications. Il est l'état de conscience que la réflexion scientifique touche avant qu'émerge son intuitions créatrices ou révélatrices. Ce nuage d'inconnaissance, cette vacuité ou cette conscience de presque rien (selon l'appellation qu'on trouvera préférable) semble donc fondamental dans notre discussion de la mémétique. Il facilite en effet l'abandon de certains Mèmes pour d'autres, il facilite l'émergence de nouveaux et il permet de choisir des anciens Mèmes contre des nouveaux qui se proposent. Si l'on veut s'aligner avec le dynamisme de l'Etre intérieur qui semble générer notre conscience humaine en chaque instant, prendre conscience de ce nuage d'inconnaissance qui entoure notre bulle de conscience semble fondamental.
Notre bulle de conscience entourée consciemment de ce nuage d'inconnaissance et unie à son dynamisme intérieur qui suscite notre conscience humaine nous plonge comme dans un état de docte ignorance. Notre conscience n'est plus alors seulement celle d'un individu donné, elle n'est plus une conscience séparée des autres consciences individuelles. Dans cette exploration d'elle-même, elle se révéle aussi dans ses dimensions universelle et transcendante. La pensée n'est pas une production individuelle. Elle est une manifestation de cette conscience universelle et transcendante qui se découvre alors par son entremise. Le doigt pointé vers la source de notre regard est bien une forme de pensée symbolique primitive qui nous ramène à cette conscience et à son nuage d'inconnaissance.
La mèmètique est donc pertinente quand elle souligne que nous sommes aussi inconscients que les animaux dont l'existence sert la diffusion de gènes qui leur survivent d'ailleurs : nous sommes des porteurs de Mèmes dont l'existence est portées par nous et cherchent à être portées par d'autres. A un certain niveau quand nous nous croyons les auteurs de nos idées, nous sommes les agents inconscients des Mèmes. La mèmètique reconnaît que l'évolution culturelle nous échappe en quelque sorte, qu'elle est aveugle : par exemple, avec la révolution des moyens de communication par l'informatique, elle agit malgré nous pour constituer un réseau qui en améliore la diffusion planétaire. La mèmètique finit par proclamer dans sa version matérialiste à partir de tels faits le règne aveugle et subconscient de la matière.
Cependant nous suggérons que, si nous nous unisssons à l'Etre de la conscience à travers le nuage d'inconnaissance qui entoure la bulle de conscience humaine, nous ne sommes plus déterminés de l'extérieur mais de l'intérieur : ce qui change le sens de la détermination. Il y a dans ce changement de sens une libération car nous sommes alors en tant que conscience universelle et transcendante auto-déterminés en des Mèmes, des Gènes, etc. Selon qu'on considère telle ou telle échelle de ce que nous sommes, cette détermination reste plus ou moins consciente mais nous sommes libérés radicalement parce que désormais nous nous découvrons être une conscience de l'auto-création de l'Etre qui s'exprime comme notre conscience humaine la plus fondamentale et à la quelle notre conscience humaine dans ses limites participe.
Notre réinterprétation de la mèmètique met en jeu un Mème. Ce Mème est celui d'une évolution consciente de la conscience de l'ETRE à travers la conscience humaine. On peut le schématiser ainsi :
Le quatre quadrants de Ken Wilber apporte selon nous à la mèmètique la dimension intérieure de la conscience que dans sa version la plus étroite elle entend éléminer. Il souligne cette évidence qu'il y a un vécu intérieur irréductible à une démarche matérialiste qui confond trop vite la matière avec une réalité connue objectivement de l'extérieur.
Ces quadrants suggèrent que la mèmètique matérialiste risque de se réduire au quadrant inférieur droit et de réduire ainsi le réel à cette seule dimension. A partir de ce quatre quadrants qui propose une théorie de la connaissance où il s'agit d'expliquer de mieux en mieux par les causes matérielles notre vécu interne et de mieux en mieux comprendre ainsi à partir de notre vécu interne l'univers matériel. Ken Wilber propose ainsi le quatre quadrant suivant où il entend montrer la direction et le sens de l'évolution de l'Etre dans son Devenir :
Ce schéma cependant ne nous donne pas une entière satisfaction du point de vue de ce qui nous paraît le donné premier :
En effet du point de vue de ce fait où la connaissance extérieure objective de l'univers matériel s'inscrit toujours dans un vécu intérieur de la conscience humaine limitée dans son nuage d'inconnaissance ou sa vacuité, le quatre quadrants ne risque-t-il pas de confondre :
1) le quadrant supérieur droit avec le vécu intérieur individuel découvrant les dimensions universelle et transcendante et d'oublier que les quadrants concernant les faits extérieurs objectifs s'inscrivent toujours dans une conscience vécue intérieurement ?
2) une forme de pensée avec l'expérience directe et immédiate de la bulle de conscience où se produit l'évolution des pensées, des contenus émotionnels, pulsionnels et donc des mentalités, des Mèmes.
Considérons le tableau couplant l'évolution des mentalités et des expériences spirituelles issu de notre relecture de douglas Harding :
ainsi que notre proposition d'une évolution des organisations humaines qui s'inscrirait dans cette même direction :
Ce sont bien les mêmes schèmes de pensées qui produisent des régimes politiques et des organisations humaines plus ou moins inhumains car plus ou moins injustes.
Le bien commun dans une organisation d'après notre schéma précédent ne sera préservé dans son entièreté et ouvert à une évolution sans passage forcément par une impasse politique, c'est-à-dire par une crise catastrophique que si au fond une sagesse, une expérience spirituelle de non-dualité l'éclaire.
Les valeurs au service de l'égocentrisme de la conscience humaine sont socialement et politiquement catastrophiques. Mais instruments d'une conscience non-duelle qui ne s'y identifie jamais longtemps égocentriquement au risque de s'opposer au mouvement auto-créateur de l'Etre, ces valeurs serviraient une évolution consciente harmonieuse de notre conscience humaine. En effet cette évolution consciente de la conscience s'appuierait sur elles afin d'en poser d'autres permettant de revenir à elle quand dans sa plénitude elle atteint une nouvelle profondeur et perfection de sa manifestation. La pensée sans la conscience universelle et transcendante devient conflictuelle, elle engendre des guerres entre visions du monde, elle se met à justifier dans les organisations sociales qu'elle structure des dominations injustifiées, etc.
Par exemple, le Mème rouge du point de vue de la spirale dynamique et du mouvement intégral néo-wilbérien est associé à l'égocentrisme, mais aussi plus positivement à la nécessité d'une autorité de l'ego à l'encontre de celle du clan. Mais selon, nous en nous plaçant en première personne, ce Mème a pu selon nous être vécu comme une impulsion de l'Etre à développer un horizon au-delà du clan. Ce Mème serait alors celui d'une chevalerie héroïque qui ne perd jamais de vue l'harmonie première de l'Etre et l'objectif de la paix entre les hommes au nom d'une humanité par-delà les clans.
Autre exemple, notre analyse du totalitarisme est interprétée dans notre tableau d'abord comme une errance de la modernité, une déliaison du Mème moderne d'avec ses Lumières initiales (cf. la spiritualité d'un Voltaire qui puise chez le "Tout en Dieu" de Malebranche ou la lecture répandue à l'époque du sage Spinoza). Notre interprétation du totalitarisme comme d'un dévoiement de la modernité en un sens n'est pas nouvelle : l'univers concentrationnaire n'est-il pas le rejeton d'un univers de pensée privilégiant le quantitatif d'un point de vue égocentrique ? On ne peut pas seulement expliquer ces catastrophes politiques comme le résultat de Mèmes prémodernes agissant au sein d'organisations modernes comme le suggèrent certains intégralistes tels que Steve MacIntosh: les bolcheviques ont modernisé fortement les diverses républiques qui constituaient l'URSS plus que le régime des tsars n'avait su le faire... l'eugénisme nazi a des racines dans la vision moderne de l'évolution des espèces...
Ainsi la mèmètique et les théories développementales s'aveuglent dès lors qu'elles se déconnectent du fait de la conscience en première personne qui englobe et transcende l'ego et les alter ego. Aucune évolution authentique de la conscience ne se produit selon nous en dehors de la dynamique de l'Etre dans la conscience où elle se produit. Les évolutions des formes caractéristiques de la conscience humaine en première personne produisent des effets chaotiques dès lors qu'elles ne sont pas éclairées et renouvelées dans la conscience de l'Etre qui la suscite.
Notre relecture de Douglas Harding se rapproche donc de l'idée de Sri Aurobindo selon laquelle
les pratiques spirituelles en leur sens le plus noble et le plus complet sont avant tout des moyens de concentrer l'évolution de la conscience et non pas tant une évolution des idées et des Mèmes qui demeurent comme des traces extérieures relatives du dynamisme créateur de l'Être.
Et quand Ken Wilber nous parle dans le quadrant supérieur droit de symboles, de concepts,..., ou de logique-visionnaire, a-t-il vraiment les moyens de voir en quoi quand ils s'éloignent de l'Être de la conscience qui les génère, ils deviennent dangereux socialement ? Certes on trouve ce type de critique culturelle :
| La philosophie intégrale prend le meilleur de : |
| PREMODERNE | MODERNE | POSTMODERNE |
M
O
D
E
R
E | Nombreux niveaux d’existence
origine divine de l’homme
La Grande Chaîne de l’Être | L’apparition de la science
autonomie de l’ego
progrès culturel | Le sens est basé sur le contexte
l’ego humain n’est pas absolu
multiculturalisme |
| Mais il rejette leur version extrême : |
E
X
T
R
E
M
E
| conservatisme rigide
systèmes des castes
oppression hiérarchique | Vision du monde du type “plat-pays”
(ex: réductionnisme matérialiste)
hyper-individualisme
Euro-centrisme | relativisme culturel
“Mort de l’auteur”
Acharnement contre l’Occident |
Mais une telle critique ne prépare-t-elle pas au fond la suprématie du Mème intégral attaché à la logique visionnaire qui intègre ces différentes mentalités sans en prendre les défauts c'est-à-dire les rejets réciproques ?
Cependant la logique-visionnaire dont l'origine se rattache à Hegel, selon Ken Wilber lui-même, est-elle indemne de soupçons dans la formation des totalitarismes du XXeme siècle ? Il ne suffit pas de dire que cette logique-visionnaire ne doit pas être fermée intellectuellement pour lui éviter cette dégénerescence. Dès lors qu'une telle logique-visionnaire donne à celui qui la pratique en première personne d'être évolué plus que tout autre et qu'il revendique le pouvoir politique ne s'approche-t-il pas d'une telle tentation ? Ken Wilber souligne la faiblesse du quadrant supérieur gauche dans l'idéalisme allemand. Toutefois même si une telle pensée intégrale se constitue pour éviter des totalitarismes d'Etat, pourra-t-elle s'empêcher de servir des totalitarismes entreprenariaux avec leur priorité financière, leur propagande, leurs organisations dictatoriales où des hiérarques des ressources humaines évincent les personnels les plus couteux, etc. ? L'holacratie dont le mouvement intégral néo-wilbérien revendique la direction est-elle indemne de ces dérives ? On aime dans le mouvement intégral néo-wilbérien à s'en prendre aux sectes dirigés par des faux gourous ou des éveillés à l'éthique discutable mais certaines entreprises qui ont des agissements similaires et font un usage du coaching qui rappellent celui des spiritualités sectaires n'ont-elles pas davantage de responsabilité dans le caractère catastrophique de la crise évolutive en cours ? Qui a remarqué que le PDG de Renaut se disant un admirateur du bouddhisme et confiant sa pratique de la méditation a laissé s'instaurer des pratiques manageriales qui ont conduit à des suicides en série parmi les chargés de conception de nouveaux véhicules ? Les sectes elles-mêmes et leurs gourous ne se comportent-ils pas en entreprise et en chef d'entreprise dans leurs pires déviances : manipulations, exploitations, etc. ? Nos démocraties butent devant cette réalité de petits totalitarismes éclatés à l'inhumanité discrète qui sont sans doute aujourd'hui la source la plus formidable de chaos social et environnemental. Les organisations étatiques elles-mêmes semblent malheureusement prendre le chemin de cette inhumanité discrète : ne faut-il pas parfois attendre plus de cinq heures dans un bureau de l'antenne de la préfecture de police de Paris avec un enfant en bas âge pour déposer son dossier de demande de papiers d'identité ? N'hésite-on pas à mettre en garde des vue des enfants pour des prétextes dignes de ceux qu'évoquait Victor Hugo au XIXeme siècle ? C'est précisément cette génération d'enfants qui subit sans doute plus que d'autres générations le chaos psychique que cette société postmoderne a généré que ce soit dans la sphère intime ou publique. Mais au chaos social visible dès maintenant, qu'en sera-til au plan sanitaire et environnemental des pollutions chimiques, magnétiques, etc. que cette génération subit aussi plus qu'aucune autre !! Nous sommes au temps de l'inhumanité discrète, des totalitarismes éclatés où personne ne semble physiquement directement éliminé mais où au fond tout le monde est psychiquement destructuré et physiquement menacé dans son intégrité. Il y a une banalité discrète du mal. Personne n'est le responsable. Ce n'est pas cependant un totalitarisme intégral car il y a un espace qui demeure pour la révolte. Mais ce révolté par son agressivité bestiale ne fait guère mieux que de surenchérir à cette inhumanité et en retour pour se protéger la société décrète des mesures qui contribueront davantage à l''inhumanité discrète. Faut-il encore accuser le système capitaliste comme les altermondialistes d'extrême gauche ? Là encore ce serait manquer la déliaison entre les Mèmes postmodernes et la conscience qui génèrent ce que nous appelons une forme de totalitarisme éclaté à l'inhumanité discrète. C'est là une appellation pompeuse qui en masque les racines. Ne suffit-il pas pour comprendre de voir en conscience que notre réalité socio-politique exprime le règne d'une tyrannie de la majorité d'egos fascinés par la bestialité pulsionnelle de la reconnaissance, de la richesse et de la puissance sexuelle ?
Quand nous parlons de concentration de l'évolution de l'Etre, il ne s'agit pas tant d'accélérer, le passage à une évolution consciente de la conscience, c'est-à-dire encore une fois de tirer malencontreusement sur la barbe du bon Dieu au nom de notre
génie intellectuel ou spirituel mais de ici et maintenant s'y laisser tant que possible
humblement ouvert. Car au final c'est toujours l'Etre qui fait le travail spirituel malgré nous et qui au fond pratique ce qui concentre le regard qu'il porte sur lui-même à travers notre conscience humaine. Nos pratiques et nos exercices qui sont l'expression la plus élevées des Mèmes au service de l'évolution de l'Etre, selon notre réinterprétation, ont pour but de
garer le petit moi dans le feu de son coeur à la croisée de l'Etre et du Devenir où cela s'individualise. Résister au grand flux de l'Etre qui ordonne le Devenir ou prétendre s'en emparer revient toujours à
s'égarer...
Et même si collectivement la catastrophe était inévitable pour accomplir le saut évolutif que nous esquissons ici du point de vue spirituel, social et politique, demeurer uni dans notre volonté à l'Etre reste le meilleur moyen de servir ce qui paraît à notre niveau comme son tatonnemement auto-créateur au milieu du nuage d'inconnaissance qui nous le masque et nous le découvre.