Toutes les expérimentations spirituelles qui suivent ont été initiées par Douglas Edison Harding (1909-2007) |
LIVRONS-NOUS A DES EXPERIENCES POUR DECOUVRIR LA LUMIERE SPIRITUELLE QUI NOUS FERA VIVRE EN PLENITUDE.
AUTHENTIQUE, LA FOI OU
LA CONFIANCE EN UNE SCIENCE SPIRITUELLE PEUT NOUS AIDER A EXPERIMENTER
INTERIEUREMENT LA VIE UNIVERSELLE. CECI NOUS METAMORPHOSERA DE CHERCHEUR EN
TROUVEUR ET EXPLORATEUR.
Oui, mettons nos croyances entre parenthèses et osons une expérience
d'ouverture spirituelle.
On peut nourrir et développer progressivement notre confiance en la vie et donc notre foi spirituelle (on pourra consulter sur la question de la foi cet article en cliquant ici). Cependant, sans une expérience directe de la vie universelle, cette confiance ou cette foi demeurera dans l’ombre de nos croyances de chercheurs spirituels. Notre pari mettant en jeu une foi spirituelle surmoderne s’adresse à des aventuriers qui soient des trouveurs et des explorateurs.
Ci-dessous une esquisse de ce qui distingue dans une évolutions des mentalités dans la ligne des travaux de Fowler, Grave, Beck et Wilber une foi surmoderne :
Cliquez sur l'image pour la voir en détail |
Ayons l’audace de regarder en nous d’où la vie surgit et s’accueille. Tout en nous appuyant sur notre sens d'être notre propre autorité, essayons-nous à distinguer la présence de la vie universelle en nous. Il n’y a pas de sciences sans expérimentation testable. Mais la science spirituelle est aussi un art, avons-nous dit précédemment. Ce que cette science proposera sera autant de l'ordre d'une transformation de notre relation à la vie, qu'une expérimentation.
En sciences, les faits
importent plus que les convictions. L'observation des faits à
l'aide de protocoles d'expérimentation est centrale. Ici, nous avons en vue des
faits intérieurs à notre vie qui ne sont pas assimilables à notre seule vie
psychologique personnelle. Il s’agit pour nous d’avoir foi dans ces faits. Ce
sont des croyances qui nous empêchent d’en voir l’évidence et qui nous
indisposent à en saisir la valeur infinie. Nous sommes donc à la recherche d'un
œil spirituel en nous, qui permet de voir intérieurement au lieu de
seulement penser ou croire.
Les meilleurs
scientifiques parlent d'idées intuitives qui les saisissent, élargissent et
bouleversent leur conscience d'une problématique de recherche, alors que leur
seule volonté rationnelle ne la surmontait pas. Ces idées intuitives sont une
vision éclairante qui embrasse les faits observés et la manière de les
concevoir, permettant ainsi de nouvelles représentations théoriques
intellectuelles. L’histoire des sciences, avec ses théories et ses
expérimentations, peut donner à penser que de nombreux génies scientifiques
font l’expérience d'un troisième œil au-delà de l’œil de l’intellect et de
l’œil du sensible.
Mais penser que d’autres
ont cette expérience ne nous suffit pas. Au contraire, ceci nous motive à
découvrir une sorte d’intuition intellectuelle par laquelle prendre conscience,
à volonté, de la présence de cet œil spirituel. Un tel œil développerait la
capacité d'une saisie intuitive d'une présence de la vie universelle en nous,
et autour de nous, par-delà la conscience réduite de notre vie individuelle. Il
couronnerait le développement de la buddhi ; il éclairerait sa réflexion.
Toutefois, comme nous
l’avons dit précédemment, celui en qui s’expérimente un
fait intérieur doit se maintenir par la foi et la confiance dans le processus
transformateur qui en découle. Cet œil spirituel n’embrassera pas en une fois
toutes les ombres et les demi-vérités de nos vies humaines. Se mettre dans sa
lumière exigera une confiance, malgré les ruses des vieilles mécaniques
ego-centriques. L’apprenti(e) surmoderne s’attendra aussi à des mécaniques
mentales, émotionnelles, pulsionnelles, etc. résistantes à l’impulsion
évolutive de la vie universelle. Si la vie rencontre un obstacle évolutif
majeur aujourd’hui, c’est bien à cause de mécanismes du vieil homme que nous
répétons. L’aventure qui mènera à faire face à ces mécanismes tapis dans
l’ombre nécessite confiance, foi et aspiration, autant que stabilité de la
présence de l’œil intérieur.
L'œil de chair a besoin
de la lumière matérielle pour voir. L'œil de l'intellect qui embrasse ses
représentations et sent les idées les animer a aussi une luminosité spécifique
nécessaire à sa vision.
Notre quête d’un œil
spirituel est la recherche de la lumière propre à l’intuition du réel.
Cette lumière spirituelle
serait une lumière au-delà des lumières de l’intellect et des lumières des
sens.
Ces trois types de lumières ont d’ailleurs été distingués au sein des
diverses traditions spirituelles religieuses ou philosophiques, ainsi que par
des individualités isolées[1].
La tradition hindoue[2], les taoïstes[3], les bouddhistes[4], la tradition musulmane[5], la tradition chrétienne mystique[6] et les philosophies platoniciennes[7] nous invitent, en effet, à distinguer ces trois lumières :
- la lumière sensible (1),
- la lumière intellectuelle (2),
- la lumière spirituelle[8] (3).
La lumière sensible (1) nous donne à voir le visible, l'audible, le
tangible, etc., mais aussi le désir et l’émotion.
La lumière intellectuelle (2) est celle propre à nos pensées. On notera
qu'elle est beaucoup plus transparente que celle du sensible sur laquelle elle
s'appose bien souvent. Par exemple, dans mon champ de perception, l'écran ou le
livre ainsi que d’autres choses sont implicitement pensés comme tels. Où que je
tourne mon attention autour de moi, chaque chose ou presque est ainsi
automatiquement nommée mentalement ou reliée à une idée. La lumière
intelligible (2) recouvre donc tout ou presque ce qui surgit dans la lumière
sensible (1).
Nous reconnaissons en général assez facilement les lumières sensibles (1)
et intelligibles (2).
Quelques expérimentations seront sûrement appropriées pour que se distingue
ce que nous appelons la lumière spirituelle (3). A la suite des grandes
traditions religieuses ou des écoles de sagesses philosophiques, nous faisons
le pari qu'un aperçu de cette lumière (3) peut occasionner un élargissement de
notre expérience de la vie, jusqu’à présent plus ou moins réduite à une vie
individuelle. Notre pari est que voir
à partir de cette lumière (3), ne serait-ce qu'un instant, met en jeu une prise
de conscience de la vie universelle en nous.
Avant de vous convier à ces
expérimentations intérieures, j’aimerais juste en préciser la provenance. Elles
sont le fruit de l’aventure spirituelle de Douglas Harding, sage et philosophe
anglais, né en 1909 et mort en 2007. Je tiens à dire toute ma gratitude
personnelle pour son enseignement et pour ceux de ses amis qui continuent,
comme moi ici, à partager ses découvertes.
Avant de commencer à pratiquer ces expérimentations, je tiens aussi à vous
redire, une fois encore, que vous seul pouvez voir et non plus penser. Vous seul, donc, pouvez
constater si ce que pointe ces expérimentations se voit ou non en vous.
EXPERIMENTATION INTERIEURE 1
Mettons-nous en présence de tout ce que
nous percevons. Il y a des perceptions sensibles, toutes entières composées de
lumière sensible (1). Il y a des perceptions mentales, toutes composées de
lumière intellectuelle (2). Il y a des perceptions qui associent lumière
sensible (1) et lumière intellectuelle (2).
Mettons-nous en présence de tout le champ
de perception sans nous focaliser autrement que sur ce qui permet en nous cette
ouverture au champ de perception. Si nous percevons la lumière propre à cette
ouverture, nous percevons la lumière spirituelle (3).
Ces indications pourtant traditionnelles
sembleront insuffisantes à beaucoup, voire obscures. Nous espérons au moins
avoir piqué la noble curiosité portée par le besoin de comprendre. Les deux
expérimentations qui suivront approcheront sous d’autres angles cette
distinction entre diverses lumières de notre vision intérieure.
Dans Ouvrir nos canaux d'énergie par
la méditation, dès les premières lignes de son introduction, Jacques Vigne
donne de précieuses indications sur ce que nous entendons par « une
ouverture à tout le champ de perception » :
« Les chercheurs en neurosciences ont montré que l'expérience de
méditation profonde est liée à une stimulation du centre permettant de
percevoir l'espace pur et à une inhibition de celui des obstacles. De fait,
avant même ces découvertes, il suffisait déjà de lire la littérature
spirituelle pour s'apercevoir qu'une des comparaisons les plus fréquentes pour
évoquer les grandes expériences spirituelles était celle de l'espace sans
limite ni compartimentations. »
Avant de reprendre sous d’autres angles notre
expérimentation intérieure 1, on peut commencer par revenir aux
expérimentations intérieures proposées auparavant. Au fond, toutes nos
expérimentations intérieures sont aussi des exercices spirituels qui visent
l’expérience la plus profonde de la méditation. Cependant, pour approfondir
spécifiquement l’expérimentation intérieure 1, nous proposons deux autres
expérimentations intérieures, qui la reprendront sous des angles particuliers
et, nous l’espérons, plus précis. Dans l’expérimentation intérieure 2 qui va
suivre, nous nous appuierons d’abord sur le sens de la vue. Dans
l’expérimentation intérieure 3 qui viendra ensuite, nous écarterons
volontairement le sens de la vue.
EXPERIMENTATION INTERIEURE 2
Essayons de repérer cette ouverture intérieure
dans la contemplation de tout l’espace, qu’il soit intérieur ou extérieur à
notre individualité. La difficulté est de ne pas installer nos limites et nos
compartimentations dans cet espace pur où tout apparaît. Dans une
promenade, il suffit de trouver le bon promontoire pour que tout le paysage s’y
présente de lui-même. Il s’agit ici de trouver au moins un bon geste intérieur
pour que se trouve le point de vue où se contemple cet espace où tout
paraît.
Il existe quelques critères pour tester si
vraiment il y a une attention à tout le champ de perception. Par
exemple, si nous y sommes attentifs, devant nous, nous avons alors 180 degrés
de champ visuel visible, 360 degrés de champ auditif ou tactile. Autre point essentiel,
si nous y sommes attentifs, nos pensées, nos idées, nos émotions et nos
pulsions s’inscrivent dans cet espace pur. L’espace pur du champ de perception
n’est pas à côté, en face ou à distance de ces éléments qui composent notre vie
subjective. Les composantes sensibles et intellectuelles de notre vie
subjective apparaissent dans l’espace pur du champ de perception. Ces
composantes, au sein de cet espace, sont sans réelles compartimentations avec
les perceptions du monde. Au niveau de nos perceptions, il n’y a pas de
séparation entre l’intérieur de notre esprit et l’extérieur du monde.
Ces critères éparpillés font peut-être beaucoup
de données à maîtriser simultanément. Nous proposerons donc d’observer quelque
chose s’apparentant au schéma qui suit. Vu qu’il est difficile de représenter
l’idée, la pensée ainsi que le son et plus encore l’odorat, le toucher ou le
goût, ce schéma en donnera une représentation d’ensemble[9] surtout basée sur le visible :
Comparez votre point de vue ici et maintenant avec celui proposé par ce schéma symbolique. Plus vous verrez l’ensemble des similarités avec votre point de vue ici et maintenant, plus vous aurez de chance que se voit l’espace pur où tout apparait. Vous n’avez plus alors qu’à y repérer l’ouverture au champ de perception.
Soyons attentifs à tout le champ de
perception. Nous avons devant nous un champ visuel de lumière sensible (1)
ouvert à environ 180 degrés. Nous avons aussi le champ mental de lumière
intellectuelle avec quelques expressions de pensées (2). Tout ceci apparait
dans une ouverture non mentale et non sensible[10].
Pour reconnaître cette ouverture proprement dite
dans laquelle tout le champ de perception apparaît, il ne faut
pas que notre attention soit exclusivement
tournée vers l'extérieur devant nous, il faut aussi la retourner au-dedans de
nous vers l’intérieur du champ de perception[11].
Ce second schéma propose
ce retournement de l’attention
à l'aide d'un doigt pointé vers le dedans de
nous-même :
Si, de même, nous pointons notre doigt vers nous, qu'est-ce qui est pointé ? Devant nous, nous avons 180 degrés de champ visuel visible composé de lumière sensible (1) ainsi que le champ mental composé de lumière intellectuelle avec quelques expressions (2). Ce qui est devant nous n'est pas ce que nous voulons pointer par notre doigt. De l’autre côté du champ visuel, dans la direction indiquée par le doigt (3), il n’y a rien de visible. Toutefois, ce rien de visible pointé par ce doigt n'est pas exactement rien et la nuance est essentielle : regardez de nouveau, ce rien n’est-il pas conscience de rien ? Décrivons-le en y restant attentif. N'est-il pas aussi une transparence sans forme, un espace clair et transparent ? Une claire transparence n’est-elle pas une espèce de lumière ? Ne s’agit-il pas de la lumière de notre intériorité, de la lumière spirituelle (3) ?
En pointant du doigt ce
par quoi se voit le champ visuel et nos lumières mentales, il y a comme un
retournement de l’attention. Revenons à ce que ce retournement de l’attention
révèle du champ de notre perception. Sa présence a-t-elle les traits d’une
chose ? Sans couleur, sans forme, sans indication temporelle, n’est-ce pas
absolument sans les caractéristiques d'une chose ? N'est-ce pas une
« non-chose » ?
Pour que cette réalité
se perçoive, il nous suffit de pointer du doigt la dimension invisible de notre
champ visuel, là où son invisibilité est aisément perceptible. Regardez à la
fois devant vous et au-dedans de vous. N'est-ce pas le même espace où tout
paraît, tout s’accueille ? N’émerge-t-il pas d’une ouverture
intérieure ? A quoi ressemble-t-elle ? Cette réalité invisible,
transparente et sans forme n’est-elle pas ce qui englobe toutes nos perceptions
sensibles (1) et intellectuelles (2) ? Avec le mouvement intérieur de
l'attention que soutient ce geste de pointer le doigt, se découvre une
troisième forme de lumière (3). Elle n’est ni celle propre au sensible, ni
celle propre à la pensée. Cette lumière est plus claire et transparente que la
lumière du jour ou la lumière des pensées.
EXPERIMENTATION INTERIEURE 3
L’expérimentation précédente a proposé
d’accéder à l’expérience de la lumière spirituelle (3) surtout par le biais du
sens de la vue. Qu’en est-il quand on ne dispose pas de champ visuel ?
Fermons les yeux et
examinons sans le sens de la vue si cette réalité est là ou non. Peut-on la
reconnaitre en tout ce qui est encore perceptible ? Yeux fermés, est-ce
que les pensées, les émotions, les sons, les sensations, les pulsions
n’apparaissent pas dans un même espace conscient ? Pouvez-vous vraiment
affirmer que votre présence consciente, votre intériorité est logée seulement
dans votre corps ? Ne diriez-vous pas plutôt que ce sont vos sensations
corporelles qui sont à l’intérieur de votre présence consciente ? Jusqu’où
va alors votre présence consciente ? Explorez-la au-dessus des sensations
de votre crâne. Explorez-la par devant les sensations du ventre, par derrière
les sensations du dos, en-dessous de vos sensations de pieds. Trouvez-vous une
limite à votre présence consciente ? S’il y a des sons, ont-ils lieu en
dehors de votre présence consciente ? Les sons les plus lointains n’en
sont-ils pas une manifestation ? N’est-ce pas une illusion étonnante de
réduire mentalement notre présence consciente, notre intériorité à notre petite
subjectivité ?
Pour
décrire cet espace immense et son jaillissement, on peut tout aussi bien parler
de vide conscient ou d’ouverture. Chaque description a ses avantages et ses
limites. Par exemple, les yeux fermés, parler de ténèbres lumineuses n'est-il
pas plus pertinent ? Cette luminosité ténébreuse n’englobe-t-elle pas
toute lumière intellectuelle (2) et toute lumière sensible (1) ?
Observons : si la lumière spirituelle (3) englobe toute forme, ne faut-il
pas admettre que tout existe et vit en elle ? Cette conscience de tout
l’espace est, avons-nous dit, une conscience de rien et de tout ce qui est.
Englobant absolu de toute chose et même de l’absence de chose, n’est-elle pas
aussi la vie à l’état pur ? Et réciproquement, cette vie pure n’est-elle
pas, au sens propre, la lumière spirituelle (3) ?
Si une expérimentation,
la 2 ou la 3, vous a permis d’entrapercevoir un troisième type de lumière
intérieure, nous vous conseillons de revenir à l’expérimentation intérieure 1 et, ensuite, d’aborder notre expérimentation intérieure 4 qui suit.
Notre dernière
expérimentation se veut un récapitulatif des propriétés de la lumière
spirituelle (3) au-delà des lumières sensibles (1) et intellectuelles (2). Elle
s’adresse donc à ceux qui auront aperçu avec au moins une des expérimentations
précédentes une lumière intérieure (3) qui n’est ni sensible (1) ni
intellectuelle (2).
EXPERIMENTATION INTERIEURE 4
Récapitulons.
Si au moins l’une de nos expérimentations intérieures vous a paru pertinente,
alors, tout en retournant de nouveau votre attention vers le champ global
de la perception, testez les propositions suivantes :
-
Il y a une lumière (3) au-delà des lumières sensibles (1) et
intellectuelles (2) ; elle est présente partout au cœur de toute lumière
sensible (1) et intellectuelle (2) ;
-
Cette lumière (3) est
invisible, silencieuse, intangible ; elle s’ouvre en un espace qui rend
toutes les autres lumières visibles, audibles, tangibles, etc. ;
-
Cette lumière (3) s’ouvre sur
un vide plein de présence consciente et de formes ; elle suscite
la présence paradoxale d'une conscience de rien et de tout ;
-
Cette lumière (3) est la
présence qui embrasse tout et qui rend tout présent ;
-
Cette lumière (3) est une réalité immuable, sans début ni
fin ; elle est aussi un perpétuel jaillissement du monde instant après
instant ; elle est une autoperception de la vie universelle dans les limites de notre perception humaine.
Kabîr exprime la valeur infinie du fait
intérieur, que notre investigation expérimentale a voulu pointer comme ouverture spirituelle[12] :
« Le dehors et le dedans sont devenus pour moi un seul ciel. L’Infini et
le fini se sont unis. Je suis ivre de la vue du Tout. Ta Lumière emplit
l’univers ; elle est la lampe d’amour, qui brûle sur le plateau du savoir. »
Si cette expérience est claire, laissez-la
éclairer votre intellect. La suite de l’aventure vous revient.
Ses enjeux concernant votre participation
harmonieuse au grand processus de la vie seront de plus en plus évidents. Si cette lumière vous ouvre le cœur, mieux vaut suivre ce qu'elle vous inspire. Et, si vous le pouvez, apprenez à lui soumettre votre volonté.
Cette reconnaissance vivante de la vie par elle-même peut aussi se révéler feu de joie lorsque son autoperception balaiera certaines impuretés qui en limite la vue dans le contexte de notre individualité humaine. Sa luminosité éclairera votre cœur. En vous, il y aura peut-être alors l'évidence que cette lumière intérieure de la vie universelle, cette lumière spirituelle de la vie en plénitude, qui brille en votre cœur est la même qui, d’un unique acte, fait être et fait voir[13]. Elle est le feu de l'ouverture de votre cœur : en elle, votre personne, celle des autres et le monde sont accueillis inconditionnellement et sans préférence pour l’un ou l’autre.
L’ouverture du cœur peut
ne pas être immédiate. Mais voir à la
lumière de la vie universelle érode toutes nos postures ego-centriques. Avec
cette vie renouvelée dans la lumière spirituelle, une transformation
opère : un amour suscité par la vie elle-même pour toutes ses formes peut
jaillir au centre de nous-même.
Faites confiance à cette lumière, laissez-vous embraser, laissez-vous transformer[14]. Si vous savez vivre patiemment en sa présence silencieuse et revenir à elle autant que possible, elle révèlera l’inaccompli. D'autres fois, elle dévoilera les chemins à prendre pour accomplir. Elle opère rarement par une voix entendue à l'intérieur de vous, car elle peut parler avec bien des voix autour de vous.
Si vous vivez instant après instant sous son éclairage, elle éclairera ce qui est obscur, ce qui constitue un obstacle sur un chemin d'illumination. Soudain, telle idée s'imposera sous le regard de la lumière spirituelle comme la plus juste et la plus rationnelle dans tel contexte. Parfois, tel rêve exprimera, le plus rigoureusement et clairement, le problème à dépasser ou la direction à prendre. Et quand notre qualité d’écoute s'affinera, telle phrase entendue ou lue, tel regard, tel geste, tel détail, rencontrés opportunément, seront comme des voix que s'est donnée cette lumière pour éclairer la raison. Suivez la lumière spirituelle en tout, pour vous y immerger le plus complètement possible.
Evoluez en elle et à partir d’elle. Vous pouvez devenir de plus en
plus conscient de son feu dans les profondeurs du cœur qui peu à peu fait de
vous son individuation.
Si vraiment l’« Un innombrable » est au cœur de notre aventure, si vraiment celui-ci est la soif de votre âme, un dernier conseil cependant. Pour œuvrer à son incarnation culturelle, rencontrer des personnes avec qui puissent se tisser des amitiés spirituelles pourra éventuellement être souhaitable. Ces rencontres avec des amis spirituels sont aussi une chance pour ne pas s’illusionner dans notre aventure. Et tant mieux si ces amis cheminent sur des chemins qui ne sont pas forcément les nôtres.
[1].
Dans La mystique sauvage, Puf, Michel Hulin présente des cas
d’expériences spirituelles spontanées. Des gens a priori jusque-là sans
religion, sans recherche philosophique et sans préoccupation spirituelle
connaissent des basculements mystiques au cours de leur vie ordinaire. Dans son
étude, p.57 ou p.92, Michel Hulin cite le témoignage d’éveil hors tradition de
Stephen Jourdain. Dans L’irrévérence de l’éveil, Editions Accarias
L’originel, p.318, ce dernier écrivait : « La vraie lumière intérieure est,
par essence, profane et profanatrice. ». Nombres de ces illuminés sauvages
ont remarqué que par-delà la joie ressentie ou le moment d’extase,
l’émerveillement devant le fait de l’être prenait sa source dans une lumière
intérieure, une transparence lumineuse jusque-là inaperçue. Dans Le voyage
vers l’insaisissable, Editions Almora, Marigal témoigne aussi, par exemple,
d’un éveil spirituel hors cadre qui met en jeu cette notion de lumière : « Silence-espace-lumière/Tout
est là, parfait, limpide propre », écrit-elle significativement p.21.
[2].
Dans une Upanishad, un texte sacré de l’Inde védique, on lit : « Lumineux
par lui-même, on en parle comme de l'Atman […]. Ici se termine la
Sarvopanishad, qui fait partie de l'Atharvaveda. »
[3].
Le philosophe taoïste Wu Yun écrit : « Dans la quiétude suprême,
on peut alors s’unir au Vide suprême. Avec le Vide à son summum vient la
lumière. Avec la lumière à son summum, vient la radiance. Avec la radiance à
son summum, c’est la communication universelle. »
[4].
Le livre des morts Tibétain affirme : « Ton esprit est à la fois
vacuité et luminosité. Il a la forme d’une grande masse de lumière, il n’a ni
naissance ni mort, c’est donc le Bouddha de la lumière immortelle. Il est
seulement nécessaire de le reconnaître. » Dans le Komyozo Zanmaï,
Maître Ejo, un maître du bouddhisme zen écrit : « Telle est la
véritable et authentique certification qui existe sans déranger la
manifestation de Komyo. C'est le pouvoir spirituel du non-agir par la lumière
qui s’illumine d’elle-même. »
[5].
Le Coran en Sourate XXIV verset 35 affirme : « Lumière sur
lumière. Dieu guide vers Sa lumière qui Il veut. »
[6].
La première lettre de Saint Jean dans la Bible chrétienne affirme :
« Dieu est lumière ». La philocalie orthodoxe ou la théologie
médiévale catholique, puis les traditions mystiques ultérieures, dont certaines
s’épanouiront dans le protestantisme, approfondissent cet énoncé capital.
[7].
Dans Ennéade VI, 9, 9, Plotin,
qui se réclame de Platon, écrit : « Alors, l'âme peut voir Dieu et se
voir elle-même, autant que le comporte sa nature ; elle se voit brillante de
clarté, remplie de la lumière intelligible, ou plutôt elle se voit comme une
lumière pure, subtile, légère ; elle devient Dieu, ou plutôt elle est Dieu. »
Les philosophies platoniciennes ont influencé les mystiques chrétiennes, juives
et musulmanes.
[8].
Les traditions théistes identifient la lumière spirituelle à la lumière divine.
Avec Wikipédia, rappelons que « Le mot « dieu » vient du latin deus,
lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller » […]. Étroitement
liée à cette notion de lumière, c'est la plus ancienne dénomination indo-européenne
de la divinité qui se retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif
est Dios. De la même racine est issue la désignation de la lumière du jour
(diurne) et du jour, lui-même (dies en latin) ». L’utilisation de
« dieu » ne sera pas validée par certaines philosophies ou approches
religieuses. L’idée de divin insiste davantage sur le caractère impersonnel de
la conscience de la lumière spirituelle. Mais certains, comme Schopenhauer, par
exemple, estiment que l’absolu est un néant d’où jaillissent forces et matière
avant même une quelconque prise de conscience. Cet athéisme rejettera le mot
« divin ». Certes nous nous opposons au pessimisme de cet athéisme
qui voit en la vie une absurdité tragique, mais reconnaissons que l’aperçu de
la lumière spirituelle que nous proposons d’expérimenter ci-après n’a pas pour
objet immédiat de trancher ces débats.
[9].
Cette approche expérimentale de la lumière intérieure spirituelle est redevable
à Douglas Edison Harding (1909-2007). Celui-ci a forgé avec ses amis de
nombreux outils pour réaliser expérimentalement des faits spirituels. On en
trouvera un exposé dans le livre de José et Lorène Le Roy, 64 exercices de
spiritualités, Almora, 2014 ou celui de Philippe Fabri, Ce que je suis, les autres ne le voient pas,
Editions Altess, 2013.
[10]. Au sens de
« invisible, silencieux, insipide, intangible, etc. » mais non pas
imperceptible. Dans Phénoménologie de la perception, Tel Gallimard, p.
12, le philosophe Maurice Merleau-Ponty nous éclaire sur le champ visuel
invisible mais non pas imperceptible : « La région qui entoure le champ
visuel n’est pas facile à décrire, mais il est bien sûr qu’elle n’est ni noire
ni grise. Il y a une vision indéterminée, une vision de je ne sais quoi, et, si
l’on passe à la limite, ce qui est derrière mon dos n’est pas sans présence
visuelle. »
[11].
Cette conversion du regard ou retournement du regard vers l’intérieur est un
leitmotiv de nombreuses traditions spirituelles.
[12].
On trouvera ceci dans La Flûte de l’Infini, nrf poésie Gallimard, p.96.
Dans notre note 7, on trouvera quelques données biographiques sur lui.
[13]. Dans La Flûte de l’Infini, nrf poésie
Gallimard, p.157, Kabîr dit : « Le vrai Maître est tout Lumière. »
[14]. L'éveil à cette lumière spirituelle et à sa guidance
peuvent avoir lieu avant que d’un geste intérieur toutes souffrances dues à
l'ego puissent être surmontées aisément. Il peut avoir lieu longtemps avant que
le décalage entre la volonté propre de l'ego et l‘action qu'impulse la
transparence en cette lumière se soit extrêmement amenuisé. Pour bien se
repérer dans les écrits spirituels, il faut comprendre que certains auteurs
appellent illumination ou éveil quelque chose qui intègre la libération de la souffrance.
D’autres désignent avec ces termes l’abolition de la volonté propre ou la
conscience d’être une individuation de la vie universelle. A la suite de José
Le Roy dans L’éveil spirituel, Almora, 2018, il nous semble pertinent de
distinguer l’éveil spirituel, au sens propre, et la sagesse qui se développe
par son exploration. Ce que nous dépeignons ici est l'éveil au fait d'être
disciple du guide intérieur qu'est la lumière spirituelle. Dans une mentalité
moderne, au lieu d’un vocabulaire d’une relation entre disciple et guide
intérieur, nous pourrions parler d’une entrée consciente dans le processus de
libération intérieure produit par la lumière spirituelle. Pour exprimer ceci,
d’autres vocabulaires sont encore possibles. Nous pouvons partir du fait d’être
ce véhicule corps-esprit en qui prend place un processus d’amour créateur et de
compassion infinie. C’est celui-ci qui transformera le véhicule pour le rendre
plus transparent à la lumière spirituelle. Autrement dit, nous parlons d’éveil
à la lumière spirituelle au stade où finit, selon nous, la recherche
spirituelle et où commence l'aventure spirituelle proprement dite.